Santé mentale : que sait-on de la dépression du post-partum chez le père ?

21 juillet 2023

Marina Carrère d'Encausse, médecin, journaliste et marraine de la FRM, répond à vos questions de santé.

Marina Carrère D'Encausse

Si le phénomène commence à être bien documenté chez les mères, peu d'études sont encore consacrées à la dépression post-partum chez les hommes, alors qu'on estime que dans le monde, 8 à 10 % des pères en sont victimes dans l'année qui suit la naissance de leur enfant.

Peu d’études sont encore consacrées à la dépression post-partum chez les hommes.

Si les facteurs de risques sont les mêmes pour les deux sexes (précarité, antécédents psychiatriques, grossesse difficile, manque de sommeil), cette dépression se manifeste différemment : alors que les mères expriment plutôt une profonde tristesse, les pères ressentent avant tout de la colère et de l'irritabilité, et peuvent développer des conduites addictives.

Une étude dirigée par Maria Melchior, chercheuse Inserm à l'Institut Pierre-Louis d'Épidémiologie et de santé publique (Paris), s'est intéressée à l'effet du congé de paternité et montre pour la première fois que les pères qui prennent ce congé sont moins à risque de déclarer une dépression post-partum (4,5 %) que ceux qui ne le prennent pas (5,7 %), même quand il est pris tardivement.

Mais de façon étonnante, les femmes dont le partenaire a bénéficié de son congé développent significativement plus d'épisodes dépressifs que les autres. Peut-être s'agit-il d'un biais de sélection : « Il est possible que les pères dont la compagne est davantage à risque de dépression prennent plus volontiers un congé paternité », relève Maria Melchior.