Les moyens diagnostiques de plus en plus performants permettent d’identifier la maladie dès les premiers symptômes, au stade prédémentiel. Cela permet au patient qui possède encore toutes ses capacités de faire des choix de vie et d’anticiper sur l’évolution de la maladie avec son entourage ; mais aussi de bénéficier d’une prise en charge adaptée pour atténuer les troubles comportementaux et prolonger l’autonomie et, le cas échéant, de participer à des essais cliniques.

Un parcours de soin balisé

La Haute Autorité de Santé a publié en mai 2018 un guide du parcours de soins des patients présentant un trouble neurocognitif associé à la maladie d’Alzheimer ou à une maladie apparentée. Destiné aux professionnels de santé, il vise à donner « des repères précis et des outils pour la mise en œuvre de soins et d’aides adaptés dès les premiers signes de la maladie (traitement non médicamenteux) pour améliorer la prise en charge et maintenir le niveau d’autonomie et de bien être notamment au domicile » 1.

Le diagnostic, une approche pluridisciplinaire

Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer repose sur le couplage de plusieurs examens :

  • un examen clinique du patient,
  • des tests cognitifs (de mémoire, exercices sur le langage, etc.),
  • l’imagerie cérébrale,
  • l’analyse de biomarqueurs du liquide céphalorachidien.

L’examen clinique du patient

C’est toujours la première étape du diagnostic. Le plus souvent le patient ou son entourage se plaint de troubles de la mémoire. Mais d’autres troubles cognitifs peuvent aussi alerter : changement du comportement habituel, de la personnalité, difficultés à s’orienter, à exécuter des gestes quotidiens, à s’organiser, etc.

Si le médecin traitant suspecte une origine pathologique, il oriente le patient vers un centre hospitalier spécialisé pour une Consultation mémoire de proximité (CMP) ou dans un Centre mémoire de ressources et de recherche (CMRR).

Ces structures réunissent toutes les compétences nécessaires au diagnostic, à la prise en charge et au suivi des patients : médecins spécialistes de l’imagerie médicale, gériatres, neurologues, psychiatres, psychologues, infirmières, orthophonistes, ergothérapeutes, kinésithérapeutes, psychomotriciens, assistantes sociales, etc.

On peut noter que certains médecins libéraux habilités peuvent également effectuer une consultation mémoire (neurologue, psychiatre, gériatre…) et ainsi effectuer un diagnostic 2.

Les tests cognitifs

Une évaluation cognitive globale (langage, raisonnement, calcul…) ainsi que des tests de mémoire spécifiques sont pratiqués. Ils permettent notamment d’identifier le trouble de la mémoire qui touche spécifiquement l’hippocampe, la zone impliquée dans la mémoire épisodique (souvenirs formés à partir des événements vécus) dans la maladie d’Alzheimer.

Par exemple le patient a des difficultés à se souvenir d’une liste de mots, même avec l’aide d’indices.

L’imagerie cérébrale

  • L’imagerie par résonnance magnétique (IRM) utilisée depuis plus de 30 ans, permet d’observer le volume du cerveau et de ses différentes régions. La maladie se caractérise par une atrophie de certaines structures cérébrales comme l’hippocampe, première région atteinte par la maladie et une réduction globale du volume cérébral. De nouveaux « traceurs », des molécules marquées et détectables par imagerie, permettent aujourd’hui de visualiser les lésions dans le cerveau des malades. Ces avancées sont importantes non seulement pour améliorer le diagnostic, mais aussi pour vérifier l’efficacité des traitements lors d’essais cliniques en permettant l’évaluation de la disparition de ces lésions. Ils pourraient aussi être utilisés en amont, pour sélectionner les patients asymptomatiques mais ayant des lésions cérébrales et pouvant faire l’objet d’essais cliniques pour tenter d’enrayer le développement de la maladie.
  • La tomographie par émission de positons (TEP) est une méthode d’imagerie plus récente qui permet une évaluation plus précoce et plus spécifique. Elle permet de visualiser une baisse de la consommation de glucose dans certaines régions du cerveau, qui indique une diminution pathologique de l’activité des neurones dans ces régions.
    Les derniers développements de cette technique proposent de détecter les plaques amyloïdes ou des agrégats de protéines Tau, grâce à des radiotraceurs spécifiques (molécules radioactives injectées au patient via la circulation sanguine et qui se fixent sur les dépôts amyloïdes ou les protéines Tau). Ainsi, en 2022, l’équipe menée par la Pr Marie Sarazin, cheffe du service de « Neurologie de la mémoire et du langage » au GHU Paris, site Sainte-Anne, et chercheuse dans le laboratoire BIOMAPS, à Saclay, a montré qu’il était possible de prédire l’évolution de la maladie grâce à la visualisation de l’intensité des dépôts de protéine Tau en TEP 3.

L’analyse de biomarqueurs du liquide céphalorachidien

Le liquide céphalorachidien (ou LCR, le fluide dans lequel baignent le cerveau et la moelle épinière) est recueilli par ponction lombaire. Des taux de peptide bêta-amyloïde inférieurs à la normale et de protéine Tau supérieurs à la normale sont des indicateurs précoces de la maladie.

Le diagnostic repose à la fois sur la clinique et sur la présence de biomarqueurs (en imagerie ou du LCR). Une personne peut en effet présenter des lésions typiques de la maladie d’Alzheimer sans en présenter les symptômes.

De nouveaux biomarqueurs sanguins, accessibles plus facilement grâce à une simple prise de sang, seront certainement bientôt utilisés en clinique.

Le diagnostic repose à la fois sur la clinique et la présence de biomarqueurs
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Références

  1. Haute Autorité de Santé : Guide parcours de soins des patients présentant un trouble neurocognitif associé à la maladie d’Alzheimer ou à une maladie apparentée.
  2. Portail national d'information pour les personnes âgées et leurs proches : « Les consultations mémoire ».
  3. Lagarde J et al. Tau-PET imaging predicts cognitive decline and brain atrophy progression in early Alzheimer’s disease. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2022 ; 93 : 459-67. doi: 10.1136/jnnp-2021-328623
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