Stimulation cérébrale profonde : une révolution en marche

07 mars 2016

La stimulation cérébrale profonde consiste à implanter des électrodes au cœur du cerveau permettant de délivrer un courant électrique qui modifie de fonctionnement de groupes précis de neurones. Les chercheurs et médecins français ont été pionniers dans la mise au point de cette technique. Cette technique permet de traiter certains patients atteints de la maladie de Parkinson, ou encore de dystonies et de troubles obsessionnels compulsifs ; elle est en cours d'évaluation notamment pour l'épilepsie, les dépressions sévères et l'anorexie mentale.

Stimulation cérébrale

Pour quelles pathologies ?

La recherche clinique a déjà validé l'utilisation de la stimulation cérébrale profonde contre plusieurs maladies.

Historiquement, cette technique s'est d'abord révélée efficace contre certaines formes de tremblements sévères. Mais, aujourd'hui, la plus connue est sans conteste la prise en charge de certains malades de Parkinson qui répondent à des critères particuliers (bonne réponse aux médicaments antiparkinsoniens, capacité à supporter une opération lourde).

De nombreuses études ont montré que la stimulation cérébrale profonde, même si elle ne guérit pas, réduit nettement les symptômes moteurs les plus sévères de la maladie.

En France, environ 400 malades de Parkinson sont implantés chaque année (sur près de 150 000 Français atteints de cette maladie…). D'autres pathologies peuvent bénéficier de cette technologie, comme les dystonies (spasmes musculaires) et les troubles obsessionnels compulsifs (TOC).

Comment se déroule l'implantation ?

À chaque pathologie correspond une cible cérébrale précise où sont implantées les électrodes. L'intervention chirurgicale est lourde : dans un premier temps, un cadre de stéréotaxie est fixé sur le crâne du patient. Cet équipement sert de repère extérieur pour situer de façon très précise les cibles dans le cerveau. Puis des perforations à travers l'os du crâne permettent au neurochirurgien d'introduire les électrodes d'environ 1 mm de diamètre jusqu'aux cibles cérébrales. Lors de cette phase, le patient est conscient. Des tests de stimulation électrique sont en effet réalisés pour vérifier le bon placement des électrodes. Une fois celles-ci en place, le cadre de stéréotaxie est enlevé. Et dans un deuxième temps, le stimulateur électrique lui-même est implanté, au niveau du thorax, sous anesthésie générale cette fois.

Comment ça marche ?

La stimulation électrique d'un nerf ou d'un groupe de neurones induit leur excitation. Mais quand la stimulation nerveuse est effectuée à haute fréquence, au-delà de 100 Hz (plus de 100 impulsions électriques par seconde), au lieu d'être excités, les neurones sont inhibés et il n'y a plus de transmission du message nerveux. La stimulation cérébrale profonde repose sur ce principe d'« inhibition par un courant haute fréquence ». Elle peut être envisagée pour toute maladie où une zone cérébrale est identifiée comme hyperactive ou ayant une activité anormale. Cependant, on ne sait toujours pas expliquer comment la stimulation provoque cette inhibition au niveau des neurones. Plusieurs hypothèses sont évoquées, aucune n'a pour l'instant été démontrée : le message nerveux est-il réinitialisé, est-il remplacé par le signal envoyé par les électrodes ?

Quelles sont les pistes d'avenir ?

De nombreuses recherches sont en cours pour évaluer l'intérêt de la stimulation cérébrale profonde dans le traitement d'autres maladies, comme l'épilepsie, l'algie vasculaire de la face (forme aiguë de mal de tête, extrêmement douloureux et invalidant), les troubles de la marche Pour chaque maladie, une zone du cerveau particulière est ciblée. Il se peut qu'une même zone du cerveau constitue une cible dans plusieurs maladies différentes. Une autre piste importante, pour laquelle des études cliniques sont en cours, consiste à traiter des pathologies psychiatriques comme les dépressions sévères, l'anorexie mentale, ou certains comportements addictifs.

Réalisé avec la collaboration du Pr Pierre Pollak, neurologue, pionnier de la stimulation cérébrale profonde avec le Pr Alim-Louis Benabid.