Portrait de chercheur : Karine Clément
05 novembre 2025


Directrice de recherche au CNRS, Julie Déchanet-Merville consacre ses travaux à mieux comprendre les mécanismes de défense du système immunitaire pour améliorer la prise en charge de patients vulnérables. À l’occasion des 20 ans du label Équipe FRM obtenu à deux reprises, elle témoigne de l’élan décisif que ce label a apporté à ses recherches qui aboutissent aujourd'hui au lancement d’un essai clinique d’immunothérapie.

Julie Déchanet-Merville est directrice de recherche au CNRS, spécialisée en immunologie. Elle dirige l’unité « Immunologie conceptuelle, expérimentale et translationnelle (ImmunoConcEpT) » (CNRS/Inserm/université de Bordeaux), à Bordeaux.
Ses travaux explorent les propriétés de cellules particulières du système immunitaire, appelées lymphocytes T gamma-delta. Elle a découvert leur rôle de défense chez les personnes transplantées infectées par le cytomégalovirus (CMV). Ce virus, qui infecte la moitié de la population, reste inoffensif chez les sujets sains mais provoque des infections sévères chez les personnes au système immunitaire affaibli (transplantés, malades du sida, fœtus, nourrissons).
Or certains patients restent réfractaires aux antiviraux existants, avec un sombre pronostic. L’équipe de Julie Déchanet-Merville a décrypté les mécanismes cellulaires qui permettent aux lymphocytes T gamma-delta de combattre le virus, mais aussi les cellules cancéreuses. Ces résultats la mènent aujourd’hui à développer des immunothérapies pour les personnes transplantées infectées par le CMV et également prendre en charge des cancers agressifs.

L’équipe de Julie Déchanet-Merville a été labellisée Équipe FRM en 2005 et 2011. La chercheuse souligne la portée de ces soutiens dans le développement de ses travaux : « La première labellisation FRM, obtenue au tout début de ma carrière, a été fondatrice, en me permettant d’installer mon équipe de recherche et de lancer la thématique sur laquelle nous travaillons toujours. La deuxième labellisation, elle, a signé un tournant translationnel dans nos recherches. La confiance que la FRM a placée dans notre projet a contribué à nos avancées vers des thérapies que nous espérons confirmer prochainement. »
Julie Déchanet-Merville est directrice de recherche au CNRS, spécialisée en immunologie. Elle dirige l’unité « Immunologie conceptuelle, expérimentale et translationnelle (ImmunoConcEpT) » (CNRS/Inserm/université de Bordeaux), à Bordeaux. Elle étudie des cellules immunitaires mal connues, les lymphocytes T gamma-delta, pour comprendre leur rôle dans les défenses de l’organisme contre les infections virales, notamment chez les personnes transplantées, mais aussi contre le cancer. Avec l’objectif de concevoir des stratégies thérapeutiques qui utilisent ces propriétés.
La première labellisation d'équipe a été cruciale pour mettre en place mon équipe, en complément d’un financement « Jeune chercheur » de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). Avec les fonds de la FRM j’ai notamment recruté un postdoctorant, renforçant les forces vives pour faire avancer le projet ! L’objectif était d’étudier les mécanismes de la réponse immunitaire au cytomégalovirus (CMV). Ce virus de la famille des virus de l’herpès infecte la moitié de la population. Inoffensif chez les sujets sains, il provoque des infections sévères chez les personnes au système immunitaire affaibli (transplantés, etc.) ou immature (fœtus, nourrissons). Or certains patients restent réfractaires aux antiviraux existants, avec des complications graves comme le rejet du greffon ou des séquelles neurologiques chez les nouveau-nés. En 1998, nous avions montré l’expansion de cellules immunitaires particulières, les lymphocytes T gamma-delta, en réaction à l’infection par le CMV. Ces cellules étaient encore très méconnues, aussi, grâce aux fonds de la FRM, nous nous sommes attachés à mieux les caractériser, à comprendre leur mode d’action et leur comportement en présence de cellules infectées par le virus. Ces travaux collaboratifs avec Pierre Merville et Lionel Couzi, néphrologues spécialistes de la transplantation rénale au CHU de Bordeaux, sont les piliers des recherches que nous poursuivons encore aujourd’hui.
Nous avons continué à tirer le fil ! Nos travaux avaient montré que les lymphocytes T gamma-delta jouaient un rôle important dans la défense de l’organisme contre l’infection par le CMV, mais pouvaient aussi reconnaître et tuer des cellules cancéreuses. Il nous fallait alors étudier leur fonctionnement. Nous voulions aussi comprendre ce qui se passait chez les personnes transplantées infectées par le CMV. L’enjeu était donc de consolider le lien entre la clinique et le laboratoire. Le deuxième label FRM nous a offert cette possibilité en finançant en particulier la thèse de sciences d’un jeune médecin, Thomas Bachelet, et d’un postdoctorant ensuite recruté au CNRS, Benjamin Faustin. Un peu plus tard, la FRM a également financé une thèse pour Hannah Kaminski. Une aide précieuse pour des projets translationnels !
Nos travaux ont permis d’identifier des antigènes 1 communs présents à la fois sur les cellules infectées par le CMV et les cellules tumorales, qui expriment des signaux de stress et activent la réponse immunitaire par les lymphocytes T gamma-delta. Cela nous a conduit à proposer une immunothérapie, qui utilise ces cellules activées. Le tout premier essai thérapeutique chez des patients transplantés infectés par le CMV et réfractaires aux antiviraux va être lancé. C'est un aboutissement clinique de ces recherches !
En parallèle nous avons développé une stratégie similaire pour lutter contre un cancer du cerveau très agressif, le glioblastome. La FRM nous a donc apporté son soutien à des moments clés pour l’équipe. Sa confiance a contribué à nos avancées vers des thérapies innovantes, dont nous espérons qu’elles vont montrer leur bénéfice pour les patients.
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