Au cours de la dernière décennie, le développement d'immunothérapies visant à renforcer la capacité du système immunitaire à éliminer les cellules tumorales a connu un essor considérable. Ces traitements ont permis la prise en charge de cancers, dont certains étant considérés comme non curables : par exemple certains cancers du poumon ou encore les mélanomes métastatiques, des cancers de la peau avancés.

Malheureusement, ces immunothérapies ne sont pas efficaces sur toutes les tumeurs. C’est pourquoi les chercheurs s’intéressent au développement d’approches innovantes pour optimiser leurs effets. L’équipe d’Emmanuel Scotet a fait des progrès substantiels sur le sujet en utilisant des molécules particulières : les anticorps bispécifiques.

Les anticorps bispécifiques sont des molécules dirigées spécifiquement contre deux cibles différentes : d’un côté, les cellules tumorales et de l’autre, les cellules immunitaires. Cela permet un rapprochement des deux types de cellules : les cellules immunitaires sont alors activées et poussées à s’attaquer aux cellules cancéreuses.

Les chercheurs se sont intéressés a des anticorps spécifiques connus sous le nom d’ « engageurs de cellules T ». Ces anticorps se fixent sur des cellules immunitaires précises, les cellules T cytotoxiques, de véritables « tueuses » de cellules. Les engageurs de cellules T mènent les cellules T vers les cellules tumorales afin qu’elles puissent les attaquer.

Durant ce projet, les chercheurs ont développé des « engageurs de cellules T » très spécifiques, ciblant à la fois un sous-type de lymphocyte T cytotoxique et une des molécules présentes à la surface des cellules tumorales colorectales.

Résultat : ils ont montré in vitro la pertinence de cette approche, les molécules s’étant révélées efficaces dans ces modèles de cancers colorectaux.

De plus, ces anticorps, très spécifiques, permettraient une réduction des effets secondaires par rapport aux immunothérapies plus « classiques ».

Cette approche semble donc très prometteuse pour la prise en charge des cancers dans le futur : les recherches s’intensifient sur le sujet, avec beaucoup d’espoirs.

_Source : Boutin L et al. Camelid-derived T cell engagers harnessing human γδ T cells as promising antitumor immunotherapeutic agents. Eur J Immunol 2024 ; 54 :e2350773. Collection HAL