Cancérologie : une leucémie pédiatrique recréée à partir de cellules non cancéreuses
03 novembre 2025


03 novembre 2025
Des cellules leucémiques créées de toutes pièces à partir de cellules saines permettent d’observer pour la première fois les mécanismes à l’œuvre dans le processus de cancérisation.

La leucémie aiguë mégacaryoblastique (LAM7) 1 est un cancer du sang qui touche plus particulièrement les enfants, elle est en général diagnostiquée entre 0 et 2 ans. À cause notamment d’une résistance aux traitements classiques, elle est associée à un pronostic particulièrement défavorable. Elle se caractérise par l’accumulation de cellules immatures dans la moelle osseuse, là où se forment normalement les différentes lignées de cellules sanguines.
Dans les cellules cancéreuses des jeunes malades atteints d’une telle leucémie, on retrouve fréquemment une anomalie conduisant à la fusion de deux gènes situés sur le chromosome 16. Cette fusion crée un oncogène 2 qui conduit à la production d’une protéine anormale capable de favoriser la croissance incontrôlée de cellules de la moelle osseuse.
Pour la première fois, l’équipe Inserm dirigée par Thomas Mercher à l’Institut Gustave Roussy (Villejuif) est parvenue à modéliser ce phénomène. Les chercheurs ont utilisé des cellules souches pluripotentes humaines saines, c’est-à-dire capables de se différencier en n’importe quel type cellulaire, et ils ont inséré dans leur génome, l’anomalie génétique retrouvée chez les patients.
Pour cela ils ont utilisé la technique CRISPR/Cas9, dite des « ciseaux moléculaires » qui permet de couper et manipuler l’ADN à des endroits précis. Les cellules humaines ainsi modifiées ont ensuite été mises en culture pour générer des cellules souches sanguines. Résultat : ces cellules « ont montré des anomalies dans leur différenciation, et ont été capables in vivo de provoquer une leucémie semblable à celle observée chez les patients, détaille Thomas Mercher. Nous avons ainsi pu, pour la première fois, étudier des stades très précoces du développement tumoral, permettant de mieux caractériser cette maladie. »
Ces travaux ont par ailleurs permis de mettre en évidence le rôle clé joué par un troisième gène dans le processus de cancérisation, qui semble même contribuer à d’autres cancers pédiatriques agressifs et pourrait constituer une nouvelle cible thérapeutique. Enfin, toutes « ces observations réalisées en laboratoire pourraient amener au développement de méthodes moléculaires capables de détecter plus précocement cette leucémie pour mieux la prendre en charge », signale Thomas Mercher.
Source : Blood, 3 avril 2025
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LAM7 : sous-type de la leucémie aiguë myéloïde (LAM) pédiatrique. La LAM représente 15 % des cancers du sang chez les enfants et les adolescents.
Oncogène : type de gène favorisant les processus de cancérisation, en stimulant par exemple la multiplication anarchique des cellules.
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