Tout savoir sur les MICI - maladie de crohn

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin en chiffres

Sous le terme de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, ou MICI, sont regroupées essentiellement deux pathologies : la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (autrement appelée la colite ulcéreuse). Elles sont plus fréquentes dans les pays occidentaux, probablement à cause du mode de vie, mais elles ont aujourd’hui tendance à apparaître également dans les pays en voie de développement.

Au total, plus 200 000 personnes seraient concernées en France par ces maladies. Selon l’Inserm, leur pic d’incidence se situe entre 20 et 30 ans.

Selon le site ameli.fr, la maladie de Crohn touche près d'une personne sur 1 000, avec chaque année 8 nouveaux cas pour 100 000 habitants. 10 à 15 % des MICI débutent chez les enfants : 70 % sont des maladies de Crohn, 25 % des rectocolites hémorragiques et 5 % des colites inflammatoires non caractéristiques.

Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin : qu’est-ce que c’est ?

Les MICI se caractérisent par des zones d’inflammation chronique de la paroi digestive. Ces pathologies se manifestent par des phases d’activité d’intensité variable, appelées poussées, qui alternent avec des périodes de pause dites « de rémission ».

L’origine de ces affections est mal connue. D’un point de vue physiologique, une hypothèse stipule que ces pathologies pourraient être dues à une réponse anormale des défenses immunitaires de l’intestin vis-à-vis de la flore bactérienne chez des individus génétiquement prédisposés.

Dans la maladie de Crohn, n’importe quel segment du tube digestif, de de la bouche à l’anus, peut être touché. Le plus souvent, l’inflammation est cantonnée à la partie terminale de l’intestin grêle et du côlon (gros intestin). Les symptômes diffèrent selon la localisation des lésions : douleurs abdominales, diarrhée avec ou sans émission de sang, atteinte de la région anale (fissure, abcès). Une altération de l’état général accompagne souvent les poussées : fatigue, manque d’appétit, amaigrissement, fièvre. Les lésions inflammatoires sont profondes et peuvent être à l’origine d’occlusion ou de perforation. Il peut aussi y avoir d’autres manifestations, dites « extradigestives » : articulaires, cutanées ou oculaires.

Dans la rectocolite hémorragique, l’atteinte ne concerne que le rectum et le côlon. Les lésions sont plus superficielles. Elles provoquent des hémorragies qui se traduisent par la présence de sang dans les selles, des douleurs abdominales et rectales. A l’instar de la maladie de Crohn, il peut également avoir des manifestations non digestives de la maladie.

A noter, comme le site de l’Inserm le rappelle, les MICI sont associées à un risque accru de cancer colorectal : le risque est multiplié par 2 à 2,5 après 10 ans d’évolution de la maladie et jusqu’à 5 après 30 ans d’évolution.

Quels sont les facteurs favorisant ?

Les études ont mis au jour de nombreux gènes de susceptibilité aux MICI. Ces gènes favorisent l’apparition de la maladie mais elle n’est pas héréditaire.

La part des facteurs environnementaux (alimentation, pollution, infection durant l’enfance, surplus d’hygiène…) reste pour le moment encore un peu floue. La composition du microbiote intestinal pourrait influencer ces maladies.

Les chercheurs ont montré que le tabagisme a un effet sur ces maladies (il augmente les risques de la maladie de Crohn). L’ablation de l’appendice semble protectrice contre la rectocolite hémorragique.

Comment diagnostique-t-on la maladie ?

Le diagnostic des MICI repose sur un faisceau d’arguments cliniques. Face aux premiers symptômes, le praticien peut prescrire dans un premier temps une analyse de sang. Elle peut parfois révéler un état inflammatoire (CRP) ou une carence nutritionnelle (manque de vitamines essentielles), mais également révéler des marqueurs de pathologies inflammatoires intestinales chroniques (notamment les anticorps ASCA et ANCA).

Cette prise de sang est complétée par des examens d’imagerie. La coloscopie est la technique de choix. Pratiquée sous anesthésie générale, elle consiste à introduire par l’anus un tube fin et souple muni d’un système optique. Elle permet une visualisation directe de la paroi intestinale en vue de dépister certaines lésions, et d’effectuer des prélèvements. Une de ses variantes, l’iléocoloscopie, réside dans la visualisation du rectum, du côlon et d’une partie de l’intestin grêle.

D’autres examens d’imagerie sont aussi pratiqués, tels que la radiographie, l’échographie, le scanner ou l’imagerie par résonnance magnétique.

Pour certains cas, un examen par vidéocapsule peut être envisagé, notamment pour visualiser l’intestin grêle. Il consiste en l’ingestion d’une petite capsule à usage unique contenant une source lumineuse et une caméra miniature. Des capteurs enregistrent tout au long du transit des images qui peuvent ensuite être interprétées par le médecin.

Des traitements visant l'inflammation

Les poussées inflammatoires sont traitées de manière similaire à d’autres maladies inflammatoires chroniques. Lors des poussées, des anti-inflammatoires plus ou moins puissants sont prescrits, comme les 5-aminosalicylés ou les corticoïdes.

L’utilisation au long cours d’immunosuppresseurs comme la cyclosporine, l’azathioprine ou le méthotrexate, est aussi une option possible.

Les MICI ont aussi bénéficié des avancées dans le domaine des biothérapies : si les médicaments ne sont pas efficaces ou si un traitement de fond est nécessaire, les médecins optent pour un immunomodulateur. Il freine les défenses immunitaires, ce qui a pour effet de diminuer l’inflammation, comme les anticorps monoclonaux « anti-TNF » (infliximab, adalimumab…). On peut ainsi citer d’autres immunomodulateurs utilisés dans les MICI comme l’ustekinumab ou encore le vedolizumab.

A côté de ces traitements de l’inflammation, les symptômes de ces maladies sont également pris en charge via l’utilisation d’anti-diarrhéiques ou encore, en cas de carences, de compléments alimentaires.

Enfin, en cas de complication ou lorsque la maladie ne répond plus aux traitements, une intervention chirurgicale est parfois nécessaire pour supprimer la partie de l’intestin atteinte (le côlon et/ou le rectum dans le cas de la rectocolite hémorragique).

Où en est la recherche sur les MICI ?

Tout d’abord, les recherches en génétique ont permis de mieux comprendre les voies immunitaires impliquées dans ces maladies, ce qui laisse entrevoir de nouvelles pistes thérapeutiques.

La recherche s’intéresse aussi à la mise au point de traitements plus spécifiques et moins pourvoyeurs d’effets secondaires que les traitements existants.

Dans les cas les plus avancés ou lors de complications, la chirurgie devient nécessaire. Les médecins développent de nouvelles techniques d’approche moins invasives pour les patients. La chirurgie par laparoscopie (via une incision sous le nombril) est aujourd’hui possible dans le cadre de la prise en charge des maladies inflammatoires chroniques intestinales.

Des liens étroits ont été retrouvés entre déséquilibre de la flore intestinale (ou microbiote intestinal) et développement de maladies inflammatoires intestinales chroniques. Aussi, plusieurs axes de recherche s’attachent à éclairer l’impact d’un rétablissement d’une flore intestinale normale chez les patients. Autre thématique explorée par les chercheurs : la mise au point de « probiotiques » qui, par voie alimentaire, contribueraient à changer les éléments de la flore intestinale anormale pour la rééquilibrer. On peut également aborder la question de la transplantation fécale qui est à l’étude dans le cadre de la prise en charge des MICI. Il s’agit de transplanter une flore bactérienne saine chez des patients atteints de la maladie.

Des solutions thérapeutiques innovantes devraient ainsi voir le jour dans les prochaines années : la mobilisation des chercheurs en est la garantie.

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