Tout savoir sur les infections nosocomiales

Les infections nosocomiales en chiffres

Les infections nosocomiales, ou « infections liées aux soins », sont des infections contractées dans un établissement de santé tel qu'un hôpital ou une clinique. Santé Publique France estime qu’environ un patient hospitalisé sur 20 y a été confronté dans l'hexagone en 2017.

L'Organisation mondiale de la Santé évalue sur son site Internet à 1,4 million le nombre de personnes ayant contracté une infection à l'hôpital. Le ministère de la Santé estime que les infections nosocomiales sont responsables de 4 000 décès chaque année en France.

Toujours selon ce même ministère, les 4 infections nosocomiales les plus fréquentes sont, par ordre d'importance : les infections urinaires, les infections des voies respiratoires, des infections au niveau du site opératoire (la zone du corps qui a été opérée) et les infections du sang.

Quand peut-on considérer une infection comme nosocomiale ?

L'infection est considérée comme nosocomiale si elle était absente au moment de l’admission du patient à l’hôpital et donc si elle est contractée pendant les soins. Généralement, on envisage cette possibilité lorsque l’infection se déclare 48 heures après l’admission.

Pour les infections relatives au site opératoire, elles seront considérées comme nosocomiales en cas d’apparition dans les 30 jours suivant l’opération. Ce délai peut même être porté à un an lors de la pose d'une prothèse ou d’un implant.

Quels sont les modes de contamination possibles?

On distingue principalement deux modes de transmission de ces infections :

  • 1er cas : Les agents infectieux proviennent du patient lui-même, ils sont présents à la surface de la peau ou au niveau des muqueuses. La contamination a lieu lors de l'ouverture de la peau (pour un acte invasif comme l’introduction d’un cathéter, la pose de sondes ou de drains).
  • 2e cas : Les agents infectieux proviennent de l’environnement du patient. Dans ce cas, l'infection provient d'un autre malade, ou du personnel soignant ou encore d'un élément contaminé (système d’air, eau, alimentation)

Certains patients sont plus vulnérables : le risque de contamination est plus important chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli en raison d'une maladie ou d'un traitement, chez les prématurés, les personnes âgées, les polytraumatisés et les grands brûlés.

Une étude de Santé Publique France publiée en 2018 a montré que les micro-organismes les plus impliqués étaient des bactéries de type Escherichia coli (23,6 % des germes isolés), Staphylococcus aureus (13,8 %), Enterococcus faecalis (6,5 %) et Pseudomonas aeruginosa (6,3 %). Escherichia coli vit naturellement dans nos intestins où elle ne provoque généralement aucun symptôme. Staphylococcus aureus est présent dans la muqueuse du nez, de la gorge et sur le périnée d’environ 15 à 30 % des êtres humains. Et Pseudomonas aeruginosa est fréquente dans l’environnement, en particulier à l’hôpital.

Quels sont les symptômes d'une infection nosocomiale ?

Les signes d'apparition d'une telle infection sont les symptômes de la maladie infectieuse qui se déclare. Ils varient donc suivant la localisation de l'infection dans l’organisme. Nous aborderons ici les infections nosocomiales les plus fréquentes évoquées précédemment.

Ainsi, les infections urinaires se traduisent par des douleurs lors de la miction, des envies d'uriner plus rapprochées que d'habitude, parfois du sang dans les urines. Elles sont plus fréquentes après la pose d'une sonde urinaire ou lors d'une chirurgie des voies urinaires.

Les pneumonies ont des signes inconstants, principalement une toux, un essoufflement, une fièvre parfois élevée, des frissons, une douleur thoracique. Les personnes à risque sont les patients atteints d'une maladie chronique des voies aériennes, intubés ou sous ventilation mécanique.
Les symptômes d’une infection au niveau de la zone opérée sont très variés et dépendent de l'intervention et de l’organe en cause. Pêle-mêle, on peut retrouver des signes d’inflammation, découlements liquidiens ou de pus, d'abcès, une fièvre, des douleurs

Enfin, la septicémie a des symptômes eux aussi peu spécifiques. Elle se traduit par des accès de fièvre élevée alternant avec des périodes d'hypothermie, des frissons, des sueurs, une tachycardie, une fréquence respiratoire élevée Ici encore, sont à risque les patients plus âgés, dont l'état de santé est dégradé par d'autres maladies ou sous traitement immunosuppresseur.

Quels sont les traitements possibles?

Comme nous l'avons vu, une grande partie des infections nosocomiales sont dues à des bactéries : le traitement de choix est le recours aux antibiotiques, médicaments s’attaquant spécifiquement à un type de bactéries. Ils agissent en bloquant leur croissance ou en les détruisant

Ce traitement est guidé par l'isolement du germe en cause et par son antibiogramme, examen de laboratoire visant à détecter la sensibilité de la souche bactérienne vis-à-vis d'un ou plusieurs antibiotiques.

Certaines infections, notamment au niveau d'une zone opérée, peuvent nécessiter une réintervention chirurgicale en vue de drainer et de traiter le foyer infectieux.

Les axes de recherche actuels

Le traitement de choix contre les infections nosocomiales consiste au recours à des antibiotiques. Malheureusement, les bactéries soumises à ces traitements de manière répétée développent des mécanismes pour y résister : mutation de gènes, sécrétions de composés inactivant les antibiotiques

Ce problème est retrouvé dans toute maladie infectieuse, mais il est beaucoup plus marqué dans le cas de maladies nosocomiales. En effet, les micro-organismes sont plus soumis à cette pression des traitements en milieu de soins. Ainsi, ces infections deviennent de plus en plus difficiles à éradiquer et nécessitent la mise au point de nouveaux traitements efficaces.

Une grande partie de la recherche autour des infections nosocomiales consiste à mieux comprendre les mécanismes de défense développés par les bactéries afin de mettre au point des nouveaux antibiotiques.

Si aucune nouvelle famille d'antibiotiques n'a été mise à la disposition des médecins depuis vingt ans, plusieurs innovations thérapeutiques ont cependant vu le jour. La piste la plus intéressante est celle des inhibiteurs de bêta-lactamases : ces molécules bloquent les enzymes bactériennes capables de détruire les antibiotiques de type bêta-lactamines (pénicilline, céphalosporine).

Ainsi, depuis 2016 en France, on dispose de médicaments associant une forme nouvelle de céphalosporine et un inhibiteur de bêta-lactamases appelé avibactam. Actuellement, plusieurs inhibiteurs de la famille chimique de l'avibactam, en association avec d'autres antibiotiques, sont en développement ou en cours dévaluation dans le cadre d'essais cliniques. A côté de ce volet scientifique, des mesures de prescription « raisonnée » des antibiotiques sont actuellement en place pour limiter l'émergence de résistances.

Autre élément très important dans la lutte contre ces infections : la prévention par l'hygiène. Des recherches sont actuellement menées pour renforcer l'asepsie des instruments médicaux ou limiter le portage des germes par les personnels soignants ou par les patients.

De la même manière, on a également constaté que recouvrir de cuivre les éléments habituellement en inox dans les établissements de santé (robinetterie, poignées de porte) pouvait limiter le développement bactérien sur ces supports. Ainsi, les micro-organismes perdraient une partie de leur pouvoir de propagation entre les malades.

La recherche se mobilise ainsi plus que jamais pour trouver de nouveaux moyens de prévenir et de guérir ses infections.

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