Portrait de chercheur : Gaëlle Legube

L'ADN, qui porte nos gènes, est constitué de deux molécules (des « brins ») associées. Une cassure dite double brin atteint simultanément ces deux brins, coupant « net » l'ADN. Cette altération grave, si elle n'est pas réparée par la cellule, peut entraîner la mort de la cellule ou, pire, conduire à des réarrangements majeurs du génome, à l'origine du développement de tumeurs. Une cassure double brin peut se produire à la suite de l'exposition à des agents dits « génotoxiques », et c'est le principe de la radiothérapie ou de certaines chimiothérapies.

Les cassures « double brin » de l'ADN sont donc très toxiques et doivent être réparées rapidement par la cellule. Pourtant, des études récentes ont suggéré que ces cassures, que l'on pensait rares, surviennent de manière physiologique et sont donc fréquentes. De manière intrigante, il a été observé que ces cassures surviennent essentiellement dans des régions actives du génome, dans lesquelles les gènes sont exprimés.

Les travaux récents de l'équipe de Gaëlle Legube ont permis d'identifier une voie de réparation particulière qui prend en charge ces cassures dans les régions actives. Elle s'attache à présent à en caractériser les mécanismes. Pour cela, elle combine un système original qui permet de générer des cassures contrôlées dans des cellules avec des techniques moléculaires à haut débit et de microscopie pointues.

Outre les connaissances fondamentales acquises, ces recherches pourraient aboutir à de nouvelles stratégies thérapeutiques pour améliorer l'efficacité des chimiothérapies qui agissent en induisant préférentiellement des cassures sur les gènes actifs.

Chaque année, et grâce à la générosité de donateurs, la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) distingue des chercheurs d'exception reconnus pour leurs travaux innovants et prometteurs. Une occasion unique, pour la FRM, de mettre en lumière des scientifiques d'exception qui, en vouant leur vie à la recherche, ouvrent la voie aux thérapies de demain.
Découvrir les lauréats 2022 des Prix de la Fondation pour la Recherche Médicale

Gaëlle Legube est lauréate du Prix Raymond Rosen. Ce Prix, d'un montant de 40 000 , provient d'un legs de Jeanne Rosen et a été créé en mémoire de son époux. Il encourage les chercheurs dont les travaux sont orientés sur le cancer et sa guérison.

BIOGRAPHIE

• Directrice de recherche au CNRS
• Responsable de l'équipe « Chromatine et réparation de l'ADN » dans l'Unité de biologie moléculaire cellulaire et du développement (CNRS UMR 5077/Université Toulouse 3) au Centre de Biologie Intégrative, Toulouse

C'est lors de son doctorat dans l'équipe de Didier Trouche, au Centre de Biologie Intégrative à Toulouse, que Gaëlle Legube démarre ses travaux sur la réparation de l'ADN. En 2003, elle part en postdoctorat dans le laboratoire d'Asifa Akhtar, au European Molecular Biology Laboratory, à Heidelberg, en Allemagne, où elle acquiert notamment une compétence sur les technologies d'étude du génome dans sa totalité. Elle rejoint les rangs du CNRS en 2006 et réintègre le laboratoire de Didier Trouche, où elle initie sa thématique sur la réparation des cassures double brin grâce à l'utilisation de ces technologies. Elle conçoit à cet effet un modèle cellulaire inédit. Elle monte son propre groupe en 2011 et est promue directrice de recherche en 2014.

DISTINCTIONS

2022
Prix Raymond Rosen, Fondation pour la Recherche Médicale

2021
ERC Advanced Grant, European Research Council

2020
Médaille d'argent du CNRS
Grand Prix de l'association Robert Debré (orientation fondamentale)

2019
Prix de Cancérologie de la Fondation Del Duca, Académie des sciences
Prix Coup d'Élan, Fondation Bettencourt Schueller

2015
ERC Consolidator Grant, European Research Council

2012
Médaille de bronze du CNRS