Adénomyose : comprendre le rôle du muscle utérin dans l’infertilité

L’adénomyose est une maladie gynécologique qui affecte entre 10 % et 30 % des femmes. Elle est caractérisée par l’infiltration de cellules de l’endomètre, la paroi interne de l’utérus, dans la couche musculaire appelée muscle utérin.

Certaines personnes peuvent être à la fois touchées par une adénomyose et par une endométriose, une autre maladie fréquente de l’utérus qui correspond également à l’infiltration de cellules de l’endomètre, mais cette fois en dehors de l’utérus.

La maladie peut se manifester par des saignements anormaux, des règles douloureuses, et des problèmes de fertilité. Dans ce projet, Justine Robin et son équipe cherchent à mieux comprendre ce dernier symptôme.

Plus précisément, les chercheuses s’intéressent aux dysfonctionnements du muscle utérin causés par l’adénomyose, qui pourraient expliquer les symptômes liés à la menstruation et à la fertilité.

En effet, ce muscle se contracte généralement de manière rythmique et coordonnée. Sa rigidité et sa capacité à se contracter vont s’adapter aux besoins du corps, notamment pendant le cycle menstruel ou la grossesse.

Or, ces deux caractéristiques sont perturbées dans le cadre de l’adénomyose. Cela représente un véritable problème, car les contractions permettent normalement l’évacuation des débris menstruels, mais aussi le transport des spermatozoïdes ou l’implantation de l’embryon.

Pour mieux étudier ce phénomène, les chercheuses ont combiné leur expertise en biophysique, qui leur permet d’étudier les propriétés mécaniques des contractions du muscle utérin, avec l’expertise sur l’adénomyose de gynécologues du Centre de Fertilité de l’Hôpital Cochin. Dans ce projet, elles exploreront plusieurs axes grâce à cette multidisciplinarité.

Tout d’abord, les chercheuses souhaitent optimiser les protocoles d’imageries par ultrason, afin de mieux visualiser l’utérus et suivre les contractions du muscle utérin. Cette optimisation permettra de mener à bien le projet de recherche, mais les chercheuses espèrent également qu’il pourra à plus long terme améliorer la prise en charge des patientes.

Notamment, il pourrait permettre de mieux identifier le moment idéal pour un transfert d’embryon, dans le cadre de procréation médicalement assistée.

Enfin, elles analyseront et compareront ces contractions et les propriétés du muscle chez deux groupes de femmes infertiles : un groupe touché par l’adénomyose, et un autre non concerné par cette maladie. Cette analyse aura lieu juste avant un transfert embryonnaire, dans le cadre d’un protocole de procréation médicalement assistée. Cela permettra de comparer les données récoltées entre les patientes pour lesquelles le transfert d’embryon a fonctionné ou non. Ainsi, les chercheurs pourront étudier si des caractéristiques particulières du muscle utérin sont liées à la réussite du transfert.

Cette comparaison permettra aux chercheuses de comprendre quelles différences dans la contraction du muscle utérin sont spécifiques à l’adénomyose, et jouent probablement un rôle dans l’infertilité engendrée par la maladie.

Les résultats de ces recherches pourront ouvrir la voie à une meilleure compréhension des liens entre adénomyose et infertilité, et à terme à l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques.