Portrait de chercheur : Gwenola Le Naour
28 avril 2025


Gwenola Le Naour, maîtresse de conférences à Sciences Po Lyon et chercheuse au laboratoire CNRS « Triangle – Action, Discours, Pensée politique et économique », concentre ses recherches sur les inégalités sociales et environnementales. Sociologue engagée, elle éclaire des enjeux complexes de santé publique, en plaçant toujours les citoyens concernés au cœur de ses projets. Ses travaux sur l’exposition des travailleurs aux PFAS bénéficient du soutien de la FRM.
À 19 ans, dans le cadre de ses études à Sciences Po Bordeaux, Gwenola Le Naour effectue un stage d’été dans un centre de réinsertion. Ce premier contact avec les inégalités sociales et les vulnérabilités marque un tournant décisif. Elle décide d’approfondir ces problématiques en consacrant son mémoire de fin d’études à « l’accès aux soins pour les usagers de drogues injectables à Bordeaux ». Elle prolonge ce sujet de recherche en thèse à Marseille, où elle examine « les conflits urbains engendrés par les dispositifs de réduction des risques destinés aux usagers de drogues injectables ».
Recrutée comme enseignante-chercheuse à Sciences Po Lyon en 2006, elle élargit ses travaux sur la vulnérabilité et les inégalités sociales aux risques industriels et environnementaux. En 2020, une enquête révèle une pollution massive aux polluants éternels (PFAS) dans le sud de Lyon, à proximité d’une usine chimique historique datant des années 1900. Ces polluants, les per- et polyfluoroalkylées, sont soupçonnés de causer des pathologies graves : cancers du rein, du sein et des testicules, ainsi que des troubles cardiovasculaires. L’enquête suscite une vive inquiétude parmi les riverains et les salariés de l’usine concernée. Fin 2023, l’un de ces polluants, le PFOA, est reconnu comme un cancérogène avéré pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer.
« Les salariés voulaient savoir dans quelle proportion ils avaient été exposés, quels étaient les risques pour leur santé… », se souvient Gwenola Le Naour. Pour leur répondre, elle lance le projet « Les travailleurs face aux polluants éternels : une enquête participative à Lyon-sud », soutenu en 2024, et pour une durée de trois ans, par la Fondation pour la Recherche Médicale. « Ce soutien est essentiel pour répondre aux attentes des citoyens et poser les bases d’une politique de prévention éclairée », explique-t-elle.
La chercheuse milite pour une meilleure prise en compte des expositions professionnelles dans les diagnostics médicaux : « Le travail, c’est là où l’on passe le plus clair de son temps. C’est là que se jouent souvent des enjeux cruciaux pour la santé. » En croisant les savoirs des sociologues, des toxicologues et des épidémiologistes, elle développe une approche interdisciplinaire pour explorer les effets à long terme de ces expositions. Optimiste malgré les défis, elle conclut : « Plus on cherche, plus on peut agir. Le regard du sociologue relie santé, environnement et justice sociale, offrant ainsi des clés pour avancer. »
Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sont des composés chimiques hydrophobes et ignifuges, utilisés dans de nombreux produits d’usage courant (textiles, mobilier, cosmétiques, revêtements…) et dont la persistance dans tous les compartiments environnementaux et le potentiel toxicologique représentent un risque pour la santé humaine.
Diplôme de Sciences Po Bordeaux.
Doctorat de sociologie politique, université d’Aix-Marseille.
La santé globale au prisme de l’analyse des politiques publiques (éditions Quæ), co-écrit avec Sébastien Gardon et Amandine Gautier.
Vivre et lutter dans un monde toxique (éditions du Seuil), co-dirigé avec Renaud Bécot.
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