Ophtalmologie : une thérapie génique inédite contre certaines formes de cécité
24 juin 2025


Une équipe de l’Institut de la Vision à Paris vient de franchir une étape prometteuse dans le traitement de certaines cécités d’origine génétique. Grâce à une approche innovante d’édition génique sans virus, les chercheurs ont réussi à corriger les mutations responsables de la maladie dans les cellules de la rétine, ouvrant la voie à une thérapie plus sûre et efficace.
Certaines formes de cécité sont d’origine génétique : des mutations conduisent à la dégénérescence progressive des photorécepteurs 1 dans la rétine. Pour les traiter, on envisage depuis peu la thérapie par édition génique. Elle permet de supprimer la mutation pathogène dans le génome même des cellules rétiniennes.
Pour cela, les chercheurs utilisent une technique innovante appelée CRISPR-Cas9 2, aussi surnommée « ciseau moléculaire ». Il y a quatre ans, le tout premier essai clinique de phase I/II a ainsi été lancé aux États-Unis pour évaluer l’intérêt de cette thérapie génique d’un nouveau genre chez 18 enfants et adolescents atteints d’une cécité d’origine génétique appelée amaurose congénitale de Leber 10, ou LCA10. Cette méthode a cependant quelques limites : elle nécessite l’utilisation d’un vecteur viral 3, qui peut avoir des effets secondaires durables, et notamment perturber l’organisation du génome des cellules ou provoquer une réaction immunitaire.
En France, une équipe de l’Institut de la Vision, dirigée par Deniz Dalkara à Paris, vient de mettre au point une technique alternative. « Nous avons développé une approche de transfert du système CRISPR-Cas9. Pour cela, nous n’utilisons pas de virus comme vecteur 4 mais nous injectons directement la protéine Cas9 accompagnée d’un ARN guide, qui cible la séquence génétique que Cas9 va couper, dans l’espace situé sous la rétine », explique Juliette Pulman, première autrice de cette étude.
Chez des modèles animaux de cécité progressive d’origine génétique, les chercheurs sont ainsi parvenus à corriger le génome des photorécepteurs de 10 %. « Un résultat significatif, au-delà de ce qui avait été réalisé jusqu’alors ! Cela apporte donc la preuve que notre approche est pertinente », s’enthousiasme la jeune chercheuse.
Pour améliorer encore l’efficacité de cette méthode et modifier plus de cellules, ce qui est indispensable pour espérer enrayer la perte de vision, les chercheurs tentent désormais d’enrober leur complexe de thérapie génique dans une couche de petites molécules ou de polymères qui faciliterait sa pénétration dans la rétine jusqu’aux photorécepteurs.
Source : Molecular Therapy Nucleic Acids, 10 décembre 2024
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