Parmi tous les additifs alimentaires, les agents émulsifiants sont présents dans un grand nombre d’aliments transformés (glaces, laits végétaux, desserts lactés, pains industriels…). Des études épidémiologiques ont montré que le fait de consommer régulièrement ces additifs augmentait chez certaines personnes le risque de développer des maladies inflammatoires chroniques, en raison de la perturbation du microbiote digestif par ces agents émulsifiants. Lors d’un essai clinique, l’équipe Interactions Microbiote-Hôte de l’Institut Pasteur (Paris), dirigée par Benoît Chassaing, a récemment montré que nous n’étions pas tous égaux face à ce risque : certaines personnes ont un microbiote digestif très sensible, dont l’équilibre est facilement perturbé par ces émulsifiants, alors que d’autres ont un microbiote résistant.

Mais peut-on prédire cette sensibilité ? Oui ! Les chercheurs ont en effet découvert qu’en analysant les génomes des bactéries présentes dans un simple échantillon de selles il est possible d’identifier une signature associée à une sensibilité accrue à un certain émulsifiant, le carboxyméthylcellulose (CMC, désigné E466 dans la liste d’ingrédients des produits industriels). « Cette découverte pourrait être utilisée dans un futur proche pour déterminer la sensibilité ou la résistance d’une personne à des agents émulsifiants, et ceci afin de proposer à chacun un programme nutritionnel adapté, explique Benoît Chassaing. Détecter cette sensibilité chez les personnes saines pourrait, de plus, permettre d’éviter la survenue de certains troubles intestinaux et, chez les patients malades, d’empêcher la progression de la maladie ou d’en atténuer les symptômes. »