Cancer : le fer, nouvelle arme contre les cancers les plus agressifs
21 mai 2025


Cette découverte pourrait changer la donne dans la lutte contre le cancer. En s’appuyant sur un mécanisme lié au fer, Raphaël Rodriguez et son équipe de l’Institut Curie ont mis au point une nouvelle molécule capable de cibler les métastases, responsables de 70% des décès liés au cancer.
Des résultats qui restent à confirmer chez l’homme, lors d’essais cliniques, et suscitent beaucoup d’espoir.
Les traitements classiques contre le cancer comme la chimiothérapie et la radiothérapie ciblent avant tout les cellules tumorales qui prolifèrent rapidement. Mais au sein d’une tumeur se trouvent d’autres cellules malignes qui se multiplient peu, résistent donc à ces thérapies et peuvent ainsi être à l’origine de récidives. Ces mêmes cellules sont capables de se disséminer dans l’organisme et de former des tumeurs secondaires. Appelées métastases, elles sont aujourd’hui responsables de 70 % des décès par cancer.
Dans l’unité Chimie biologie des cancers (Institut Curie, Inserm, CNRS), l’équipe de Raphaël Rodriguez s’intéresse aux bases moléculaires de cette progression tumorale et plus particulièrement au rôle du fer. Les chercheurs ont récemment découvert qu’il est impliqué dans des processus capables de « reprogrammer » certaines cellules cancéreuses pour les rendre résistantes aux traitements conventionnels et aussi métastatiques. Mais le fer participe aussi à des réactions chimiques qui, si elles ne sont pas contrôlées par les cellules elles-mêmes, peuvent à conduire à leur propre mort : on parle de ferroptose. « C’est un même élément chimique, le fer, qui permet aux cellules de survivre au traitement conventionnel et dans le même temps les rend vulnérables si elles ne le contrôlent pas », résume Raphaël Rodriguez. Une découverte qui lui a valu de recevoir la médaille d’argent du CNRS en 2024.
Elle a surtout permis à son équipe de mettre au point une nouvelle classe de molécules, appelées dégradeurs de phospholipides, capables d’induire cette ferroptose. La structure particulière de ces molécules leur permet à la fois de cibler et traverser la membrane des cellules cancéreuses, de s’accumuler dans les lysosomes*, des compartiments particuliers au sein des cellules où s’accumulent précisément le fer, et enfin d’y induire la ferroptose. L’une de ces molécules, la fentomycine ou Fento-1, a été testée dans des modèles animaux de cancers du sein réfractaires aux traitements et sur des cellules issues de biopsies de tumeurs du pancréas et de sarcomes, deux cancers très agressifs. Résultats : les chercheurs ont constaté une mortalité importante des cellules cancéreuses et une réduction significative de la croissance tumorale ! Des effets qui suscitent beaucoup d’espoirs mais restent à confirmer chez l’homme, lors d’essais cliniques.
Source : Cañeque, T., Baron, L., Müller, S. et al. Activation of lysosomal iron triggers ferroptosis in cancer. Nature (7 mai 2025).
Lysosome : structure cellulaire responsable de la dégradation des débris cellulaires, des macromolécules biologiques, des particules étrangères (bactéries, virus et parasites) et des organites intracellulaires endommagés.
Financement accordé à Raphaël Rodriguez en 2014 dans le cadre de l’Appel à projets « Amorçage de Jeunes Equipes »
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