Neurosciences : comment le cerveau décrypte le langage
19 août 2025


Pour comprendre le langage, notre cerveau doit traiter en parallèle des sons longs (les syllabes) et des sons très courts (les phones). Des chercheurs marseillais viennent de montrer que le cortex auditif est capable de suivre simultanément ces deux rythmes, un mécanisme universel retrouvé dans toutes les langues. Cette découverte éclaire d’un jour nouveau la manière dont nous comprenons la parole et pourrait aider à mieux cerner certains troubles comme la dyslexie.
Par quels mécanismes le cerveau extrait-il du sens à partir des sons émis lorsque nous parlons ? Pour comprendre cela, une équipe de l’Institut des Neurosciences des Systèmes de Marseille, dirigée par Benjamin Morillon, s’est intéressée aux mécanismes cérébraux de traitement des sons associés à la parole, et plus particulièrement aux sons longs que sont les syllabes et aux sons courts que sont les phones. En effet, pour traduire les sons émis lorsqu’une personne parle en une succession de mots isolés porteurs de sens, le cerveau doit être capable de traiter ces deux types de signaux. Onze personnes déjà porteuses, pour des raisons cliniques, d’électrodes intracérébrales enregistrant l’activité de différentes zones de leur cerveau ont été observées lors de l’écoute de 315 phrases en français contenant un nombre varié de syllabes et de phones ; ces phrases ont par ailleurs été jouées à différentes vitesses.
Les résultats montrent que le cortex auditif, la zone du cerveau spécialisée dans le traitement des informations sonores, est capable de suivre de façon simultanée les rythmes longs des syllabes – ce qui était déjà connu – mais aussi les rythmes plus courts des phones. « Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives dans la compréhension des troubles du langage, comme la dyslexie, déclare Benjamin Morillon. Un déficit dans la capacité du cerveau à suivre ces deux rythmes pourrait, par exemple, expliquer certaines difficultés de compréhension orale. » Par ailleurs, en analysant 17 autres langues, les chercheurs ont constaté que toutes présentaient une alternance de sons longs (syllabes) et de sons courts (phones). « Cette universalité suggère l’existence d’un mécanisme biologique de production et de perception de la parole commun à tous les humains », estime Benjamin Morillon.
Source : Science Advances, décembre 2024
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