Améliorer la santé des adolescents asthmatiques en les protégeant de la pollution de l’air
23 avril 2025


23 avril 2025
Ce mois-ci, le parrain de la FRM Thierry Lhermitte a visité l’Unité « Santé Internationale de la Mère et de l’Enfant » (MERIT), sur le site de la Faculté de Pharmacie de l’Université Paris-Cité.
Un laboratoire de recherche dont certaines équipes mènent des travaux pour comprendre les effets de l’environnement sur la santé, à la fois en France et dans les pays du Sud, car il est aussi implanté au Bénin, au Ghana et au Sénégal.
Cette rencontre a fait l'objet de la Chronique Santé de Thierry Lhermitte diffusée le 21 avril dernier dans Grand Bien Vous Fasse sur France Inter, à (ré)écouter en replay ci-dessous.
A l'occasion de cette visite, Thierry Lhermitte a rencontré toute l’Unité, et en particulier Richard Lalou, chargé de recherche à l’IRD, l’Institut de Recherche pour le Développement, dont l'un des projets de recherche est actuellement soutenu par la FRM dans le cadre de l'axe prioritaire « Environnement et Santé ».
Celui-ci a pour objectif d'évaluer un dispositif en médecine comportementale, qui vise à améliorer la santé des adolescents asthmatiques au Bénin en les protégeant de la pollution de l’air. Un projet international qui inclut 10 équipes basées au Bénin, en France et au Canada, et aux compétences complémentaires : des pneumologues-allergologues, des chimistes de l’environnement, des biologistes, des épidémiologistes, etc.
La pollution de l’air est-elle un problème important en Afrique ?
Oui ! Les pays à revenu faible ou intermédiaire sont de très loin les plus pollués. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime qu’aujourd’hui 40 % de la population mondiale, dont une grande partie en Afrique, est soumise à des niveaux de pollution très préjudiciables pour la santé, avec, à la clé, entre 7 et 8 millions de décès par an, notamment en cas de maladies respiratoires et cardiovasculaires, ou de cancers.
Dans cette pollution de l’air, on retrouve à la fois des molécules chimiques comme les oxydes d’azote, l’ozone ou le dioxyde de soufre, mais aussi des particules fines, ces fameuses particules de quelques microns qui pénètrent profondément dans les poumons et jusque dans le sang.
Au Bénin, provient d’où cette pollution ?
À la fois de l’air extérieur et de l’air intérieur. La principale source est la combustion résidentielle, via les foyers ouverts utilisés pour la cuisine. Il y a aussi les industries de production d’énergie, le trafic routier, le brûlage à ciel ouvert des déchets, de végétaux, de plastiques, de matériaux électroniques…
Et le changement climatique aggrave le problème, avec des tempêtes de sable plus fréquentes, la forte chaleur qui favorise la formation d’ozone et allonge la période des pollens.
D’où des enjeux de santé publique croissants concernant l’asthme… une maladie reliée à la pollution de l’air et potentiellement sévère ?
Oui, c’est la première maladie chronique chez l’enfant, partout sur la planète. L’inflammation et la modification des bronches entraînent des difficultés à respirer, notamment au moment des crises d’asthme. Cette affection altère la qualité de vie et peut même être mortelle quand elle est mal prise en charge.
La pollution de l’air joue un rôle majeur car elle favorise l’apparition de l’asthme chez les personnes génétiquement susceptibles et elle aggrave la fréquence et la gravité des crises.
En Afrique, il y a 44 millions de personnes asthmatiques, dont 3 millions d’enfants de moins de 15 ans.
Un grand nombre de médicaments ne sont pas disponibles ou pas accessibles aux populations, et chaque année l’asthme cause plus de 50 000 décès.
Richard Lalou voudrait donc mettre en place une politique de prévention efficace auprès des jeunes ?
Avec le consortium de chercheurs dont j’ai parlé, l’idée est d‘abord d’évaluer une stratégie de prévention à Cotonou, la capitale économique du Bénin. Avec l’aide du médecin et des médicaments disponibles, chaque asthmatique doit apprendre à moins s’exposer aux pics de pollution de l’air, pour éviter que ceux-ci ne déclenchent des exacerbations.
En 2022, l’équipe a fait un dépistage dans 25 collèges de la ville et constitué une cohorte de 730 adolescents asthmatiques, qui font l’objet d’un suivi médical depuis 3 ans.
En parallèle, la pollution est mesurée grâce à des capteurs répartis dans la ville, le long des axes routiers, aux abords des collèges, et aussi via des capteurs portés par certains de ces jeunes.
L’objectif, c’est de comprendre l’influence de la pollution de l’air sur les symptômes de l’asthme et de définir un seuil d’alerte adapté aux personnes vulnérables pour une meilleure prévention.
Une fois ce seuil d’alerte défini, que comptent faire les chercheurs ?
Ils vont déployer un dispositif de prévention et évaluer s’il est accepté par les adolescents asthmatiques et bénéfique pour leur santé.
Cet essai débutera à la fin de l’année et durera 15 mois. Comment cela se passera-t-il ?
Parmi les 730 adolescents inclus, 250 suivront ce programme.Ils seront alertés pour les périodes de pics de pollution de l’air et auront des recommandations personnalisées pour adopter des comportements de protection – comme le port d’un masque –, de manière à diminuer leur exposition à la pollution.
Les autres participants auront uniquement le suivi médical habituel.
Les résultats de cette étude arriveront en 2028. Et ce qu’espère l’équipe, c’est montrer que ce dispositif diminue l’asthme sévère et améliore la qualité de vie des adolescents malades. L’étude espère aussi prouver que le dispositif sera plus efficace s’il cible les adolescents asthmatiques qui ont une grande sensibilité biologique à la pollution de l’air.
Vous l’avez compris, ce projet répond à un enjeu de santé publique majeur ! Il pourrait aussi influencer les choix stratégiques de la lutte contre l’asthme en France et dans les pays à revenus élevés.
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