15 décembre 2021

Virus émergents : une piste thérapeutique intéressante contre le virus chikungunya

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En résumé

Cette avancée a été obtenue par Marco Vignuzzi et son équipe « Populations virales et pathogenèse » à l'Institut Pasteur à Paris.

370 800 €

Financement accordé à Marco Vignuzzi en 2019 pour un projet « équipe FRM ».

Pour le moment, il n'existe pas de traitement contre le virus chikungunya, un virus émergent à l'origine de plusieurs épidémies ces dernières années.

Les chercheurs se sont intéressés à une voie thérapeutique innovante, l'utilisation de « génomes viraux défectueux », pour lutter contre l'infection.

Ils ont montré la pertinence de cette approche dans le blocage de la multiplication virale et de sa dissémination.

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En détails

La problématique des virus émergents

La pandémie de Covid-19 nous la montré : la lutte contre les virus émergents est essentielle afin de contenir les épidémies en cours ou à venir. Variole, sida, poliomyélite L'humanité a souvent été confrontée à l'apparition de virus capables de se transmettre rapidement et à l'origine de nombreux décès. Les chercheurs s'attellent donc à développer des moyens innovants pour prendre en charge les pathologies liées à ces virus, avec des premiers résultats intéressants. Des équipes ont ainsi démontré l'intérêt d'une nouvelle approche thérapeutique contre un virus émergent, le virus chikungunya.

Quelques données sur le virus chikungunya

Le virus chikungunya est transmis par les moustiques de type Aedes, famille comprenant le moustique « tigre ». Ce virus a infecté des millions d'humains au cours des 15 dernières années au travers de 2 épidémies majeures autour du globe. Les principaux symptômes qu'il induit résident en une fièvre élevée et de très fortes douleurs articulaires qui peuvent perdurer des mois voire des années. La maladie ne provoque normalement pas de décès, mais peut s'avérer sévère chez des personnes fragiles. Pour le moment, il n'existe ni traitement curatif, ni vaccin contre le chikungunya.

Des « génomes viraux défectueux » contre l'infection

L'étude menée par les chercheurs portait sur une approche originale pour lutter contre le virus : l'utilisation des « génomes viraux défectueux ». Pour comprendre le fonctionnement de ces molécules, il faut revenir sur la manière dont les virus se multiplient lorsqu'ils infectent l'organisme. Les virus ne peuvent pas se répliquer seuls : pour se multiplier, les virus doivent infecter une cellule « hôte » et utiliser ses protéines et ses enzymes afin de dupliquer leur matériel génétique, et ainsi construire leurs molécules de structure. Seulement, il peut parfois arriver que le matériel génétique qui résulte de cette duplication ne soit pas identique au virus de départ : la molécule obtenue est alors tronquée ou trop différente, et ne permet pas de créer de nouveaux virus.

Mieux encore, ces molécules « déficientes » peuvent interférer avec la réplication virale, en empêchant la bonne formation des virus, ou encore stimuler le système immunitaire avec plus d'efficacité que le virus originel. Ces données laissent à penser que ces génomes viraux défectueux pourraient constituer une arme efficace pour lutter contre la multiplication virale.

Une efficacité in vitro et in vivo

Les chercheurs se sont ainsi intéressés aux génomes viraux défectueux qui se forment lors d'une infection dans deux situations : in vitro, dans des cellules de mammifères ou de moustiques et in vivo chez le moustique.

Par des approches expérimentales et informatiques, les équipes ont sélectionné ceux qui semblaient avoir une forte activité de blocage de la réplication du virus chikungunya. Des tests chez le moustique ont montré que certains d'entre-eux avaient une activité dite « à large spectre » et étaient capables de bloquer la multiplication de plusieurs souches virales.

Enfin, un pré-traitement des moustiques par des génomes viraux défectueux permettait de réduire la dissémination du virus in vivo au sein des moustiques.

Ces résultats montrent tout le potentiel des génomes viraux défectueux contre le virus chikungunya : une voie de recherche porteuse d'espoir dans le contexte actuel.

Source : Levi LI et al. Defective viral genomes from chikungunya virus are broad-spectrum antivirals and prevent virus dissemination in mosquitoes. PLoS Pathog 2021 ; 17 : e1009110. doi: 10.1371/journal.ppat.1009110. eCollection 2021 Feb.

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