Virus émergents : comprendre les mécanismes moléculaires au cœur de la fièvre hémorragique de Crimée-CongoVirus émergents : comprendre les mécanismes moléculaires au cœur de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo

15 décembre 2021

Virus émergents : comprendre les mécanismes moléculaires au cœur de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo

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En résumé

Cette recherche est menée par Solène Lerolle dans l'équipe « Virus enveloppés, vecteurs et immunothérapie » dirigée par François-Loïc Cosset au Centre International de Recherche en Infectiologie (CIRI) de Lyon.

153 000 €

Financement accordé en 2020 à Solène Lerolle pour une thèse de science à destination des internes

La fièvre hémorragique de Crimée-Congo est une maladie virale classée parmi les plus menaçantes par l'Organisation mondiale de la Santé : elle est létale dans 30 % des cas, et se répand actuellement autour du globe.

Le virus à l'origine de la pathologie peut entraîner des hémorragies chez les personnes qu'il infecte.

Les chercheurs s'intéressent aux mécanismes moléculaires impliqués dans ces hémorragies, en vue d'identifier de nouvelles cibles thérapeutiques.

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En détails

La problématique des virus émergents

Si la crise de la Covid-19 a mis en évidence auprès du grand public le danger représenté par les virus émergents, cela fait longtemps que les chercheurs se penchent sur cette question. Ainsi, l'Organisation mondiale de la Santé a lancé en 2017 un programme dédié à cette problématique. Appelé « Blueprint », il vise à prioriser l'effort de recherche sur neuf des maladies infectieuses les plus menaçantes du fait de leur potentiel épidémique. Parmi ces pathologies figure la fièvre hémorragique de Crimée-Congo. Cette maladie est au cœur du projet de recherche mené par Solène Lerolle et son équipe d'accueil.

Une maladie en progression autour du globe

La fièvre hémorragique de Crimée-Congo est liée au virus éponyme, dont le principal vecteur est la tique dure du genre Hyalomma. L'arthropode peut ainsi devenir porteur du virus lorsqu'il pique un animal domestique ou sauvage infecté, puis le transmettre à l'homme. Depuis 2000, le nombre de personnes atteintes par la pathologie augmente. Le virus se répand autour du globe. Il est aujourd'hui présent en Afrique, Europe de l'Est, Moyen-Orient et Asie. L'Europe Occidentale serait également touchée : la tique dure est actuellement en expansion dans cette région, et plusieurs cas d'infection locale ont récemment été diagnostiqués en Espagne.

Des formes parfois sévères, voire mortelles

La fièvre hémorragique de Crimée-Congo se traduit par des symptômes d'intensité variable, allant de la simple fièvre à une fièvre dite « hémorragique » qui allie des hémorragies, une atteinte multi-organique et un « choc hémorragique » (insuffisance de sang dans la circulation). La pathologie est létale dans 30% des cas. Pour le moment, il n'existe pas de traitement ni de vaccin spécifique à la maladie : autant de données qui poussent les chercheurs à s'intéresser aux mécanismes en cause dans la maladie.

Explorer les mécanismes impliqués dans les hémorragies

Durant sa thèse, Solène Lerolle souhaite plus particulièrement se pencher sur les formes sévères de la maladie en explorant les phénomènes moléculaires à l'origine des hémorragies.

La chercheuse focalise son attention sur une protéine produite par le virus appelée GP38. Sa première hypothèse est que cette protéine pourrait agir directement sur les cellules qui tapissent la paroi des vaisseaux, les cellules endothéliales, et provoquer leur destruction, elle-même à l'origine des hémorragies.

Plus indirectement, GP38 pourrait également interagir avec les cellules immunitaires circulant dans le sang et être à l'origine dune dérégulation du taux de molécules inflammatoires sécrétées, phénomène appelé « tempête cytokinique » pouvant également conduire à des hémorragies.

Dans des modèles in vitro de cellules immunitaires ou de cellules endothéliales, issues de cordons ombilicaux puis cultivées en laboratoire, Solène Lerolle déterminera si GP38 interagit avec ces cellules et si elle est toxique pour elles, c'est-à-dire si elle induit leur mort, ou si elle entraîne une tempête cytokinique. Il s'agira ensuite d’explorer les mécanismes moléculaires impliqués puis de confirmer les résultats obtenus au sein d'un modèle animal infecté par le virus.

Ce projet vise à mettre en évidence des mécanismes encore inconnus impliqués dans la virulence du pathogène. Cela constituerait un premier pas vers l'identification de cibles antivirales potentielles, une étape essentielle pour la mise au point de futurs traitements.

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