« Mon frère a été suspecté Covid une première fois en mars 2020,
mais sans conséquence, à ce moment-là. Quelques mois plus tard, aux environs de
la mi-novembre, il a recommencé à avoir des symptômes.
Le 22 novembre nous nous téléphonons ; cela fait plusieurs
jours qu'il n'est pas bien du tout, il me dit ne plus avoir trop de goût, ne pas être en grande forme, maux de tête, il
est H.S et prend beaucoup de paracétamol. Il doit
voir son médecin le lundi suivant.
Le 24 novembre 2020 : c'est confirmé, Serge est positif au Covid.
Le 25 novembre 2020 : on s'appelle, il est en arrêt de
travail avec prolongation envisagée.
Le 26 novembre : je l'appelle, ça ne s'arrange pas, Serge a beaucoup
de fièvre et de maux de tête et tousse énormément.
Le 27 novembre : je n’ai pas de nouvelles, je m'inquiète !
Le 28 novembre : c'est l'angoisse ! Je n'arrive toujours pas à le joindre. En fin
de matinée, Serge appelle un ami car il ne sent pas très bien et a de plus en
plus de mal à respirer. Il l'emmène aux urgences de Meulan, qui le transfèreront
2 ou 3 heures plus tard, via le Samu, au Service Réanimation de l'Hôpital de
Poissy.
Le 29 novembre, suite à son hospitalisation, le chef du service, nous reçoit, la
compagne de Serge et moi, et nous informe que son état est très grave et
préoccupant. A ce moment précis, il n'y a qu’elle et moi qui sommes au courant.
La famille proche et les amis(ies) pas encore ! Serge a 56 ans au moment des faits. Il a une bonne hygiène de vie,
il est sportif (VTT, marche, plongée sous-marine etc) et ne souffre pas de
pathologie particulière.
Un an à l’hôpital
Serge est sorti du système hospitalier le 26 Novembre 2021, soit
quasiment 1 an jour pour jour, après son admission.
Aujourd’hui il va mieux, mais
sa vie, son quotidien, sont totalement bouleversés. Il va devoir vivre jusqu'à
la fin de ses jours, avec une fibrose pulmonaire qui a impacté la partie haute de ses deux
poumons. Il est à ce jour toujours sous oxygène, qu’il gère lui-même. Il tousse
toujours, avec des crachats, se fatigue très vite et ne peut plus accomplir
nombre d’activités qu'il faisait auparavant.
Il ne reprendra pas son travail
Il y a quelques semaines, il a eu rendez-vous avec la pneumologue
(après avoir passé un scanner et différents examens). Elle lui a annoncé que
son état ne lui permettrait pas de reprendre son emploi. Il est
désormais, reconnu "invalide" par la MDPH, la Maison Départementale
pour les Personnes Handicapées.
Son quotidien est difficile à vivre, il y a des baisses de moral,
des remises en questions sur son avenir, et à quel prix.
Heureusement, c'est un battant,
sinon il ne serait sans doute plus parmi nous. Et que ce soit sa compagne,
moi-même, la famille, les amis : nous sommes restés
solidaires, n'avons pas baissé les bras même dans les pires moments (il a
failli mourir trois fois ! ).
Les conséquences du Covid Long
Serge souffre d’un Covid long, sauf que
l'Etat et Ministère ne semblent pas vouloir "attribuer un statut" à
cette maladie et aux personnes qui en ont été et en sont toujours victimes, des conséquences et
séquelles avec lesquelles ces personnes doivent vivre aujourd'hui.
Il est suivi par un pneumologue, un kinésithérapeute, un psychologue
et son médecin traitant. Il sera handicapé à vie et dépendant de l’oxygène sans doute en
permanence.
Il ne faut pas baisser les bras, combattre tous ensemble ce fléau,
se dire que tout est possible, faire confiance au corps médical dans sa
globalité. Tous ces hommes et femmes qui luttent au quotidien pour sauver des
vies, et éviter que des familles soient endeuillées !
C'est un long combat,
mais l'union fait la force.
Le rôle fondamental de la recherche
Quelque part, je pense que la recherche médicale l'a sauvé
indirectement, ainsi que toutes les personnes atteintes, grâce aux vaccins, même si certaines personnes
pensent le contraire.
Mais aussi grâce chercheurs, tels que le Pr Canard et d'autres, qui
travaillent sur ces virus depuis un certain temps !
Tout ceci m'a réconfortée et soulagée à la fois, je me
suis sentie moins "isolée".
Il est fondamental de soutenir la recherche mais l’on en parle pas
suffisamment, en dehors de quelques dates particulières (dites anniversaires ou
campagnes). Il faudrait une piqûre de rappel plus régulièrement pour ne pas
oublier ! »