Contrairement à la majorité des tumeurs, les cancers du sein dits « triple-négatifs » (10 à 15 % des cas) ne sont pas sensibles aux traitements antitumoraux les plus récents, plus ciblés et moins lourds. Le seul moyen de lutter aujourd’hui contre ce type de cancer est la chimiothérapie classique. Bien que globalement sensibles à la chimiothérapie, ces tumeurs sont hétérogènes d’un point de vue clinique et biologique, et certaines restent de très mauvais pronostic.
Certaines molécules de chimiothérapie agissent en créant des lésions au niveau de l’ADN, qui porte l’information génétique. Ces lésions empêchent les cellules de se diviser, et induisent leur autodestruction.
Dans certains cas, les cellules cancéreuses deviennent résistantes à la chimiothérapie. En effet, toutes les cellules possèdent un mécanisme naturel de réparation de l’ADN qui assure le maintien de l’intégrité génétique. Habituellement bénéfique, ce processus de réparation s’oppose aux effets de la chimiothérapie et induit une résistance au traitement.
Ce sont ces voies de réparation de l’ADN qu’explore Fabrice André, à l’Institut Gustave Roussy à Villejuif. Il cherche à identifier de nouvelles cibles pour diminuer la réparation de l’ADN et ainsi rendre plus efficaces la chimiothérapie dans ces cancers. Diverses drogues destinées à bloquer les voies de réparation de l’ADN seront testées sur des cellules de cancer du sein triple-négatif en culture. La réponse de ces cellules au traitement par cisplatine, une molécule classique de chimiothérapie, est ensuite évaluée. Si les résultats préliminaires s’avèrent concluants, un essai clinique de phase II chez des patientes sera démarré.
Le chercheur espère ainsi découvrir une thérapie susceptible de rendre la chimiothérapie plus efficace et améliorer le pronostic des cancers du sein triple-négatifs.