Article réalisé avec la collaboration de l’équipe des Pr Stanislas Dehaene et Denis Le Bihan, de NeuroSpin à Saclay.
Depuis 40 ans, différentes techniques d’imagerie ont été mises au point pour observer le corps humain. Certaines d’entre elles permettent d’observer précisément le cerveau, et ce de manière non invasive, c’est-à-dire sans ouvrir la boîte crânienne. Ces techniques d’imagerie utilisent soit des rayonnements (émission de rayons X, détection de produits radioactifs injectés), soit la mesure de l’activité électrique ou, plus récemment, de champs magnétiques. Les récents progrès en informatique ont permis un véritable bond en avant dans l’analyse des données et des images.
L’imagerie structurelle permet d’étudier l’anatomie du cerveau et tout ce qui peut la perturber (tumeur, hémorragie, déformation pathologique, etc.). Elle se révèle très utile au diagnostic médical.
L’imagerie fonctionnelle rend compte de l’activité des zones cérébrales durant certaines tâches (parole, mouvement, etc.). Elle est autant utilisée en recherche fondamentale qu’en clinique, pour identifier des foyers épileptiques (réseaux de neurones à l’origine des crises d’épilepsie) ou pour repérer des zones du cerveau devant être épargnées lors d’une opération chirurgicale.
L’imagerie cérébrale a permis de mieux comprendre les maladies neurologiques en permettant aux chercheurs d’associer les signes cliniques d’une maladie (pertes de mémoire…) avec l’observation du cerveau lui-même (dysfonctionnement de certains neurones…). Elle se révèle ainsi un allié précieux pour préciser un diagnostic, localiser des lésions, suivre l’efficacité des thérapies administrées aux patients. Les chercheurs évaluent notamment l’intérêt de l’IRM pour dépister tôt la maladie de Parkinson.
Elle est aussi de plus en plus utilisée à des fins de recherche fondamentale : les chercheurs étudient l’activité du cerveau de patients schizophrènes durant leurs crises d’hallucination (IRMf), caractérisent les différences structurelles du cerveau des enfants autistes (IRM), ou encore observent les zones du cerveau impliquées dans la mise en place du langage chez les jeunes enfants (MEG).
De nouvelles techniques d’imagerie ont vu récemment le jour, avec des
échelles de résolution encore plus petites : l’IRMd (IRM de diffusion)
permet, avec le même appareillage que les autres IRM mais plus puissant,
de visualiser la diffusion de l’eau dans des structures microscopiques
du cerveau. Le cerveau est un tissu biologique hétérogène, où la
diffusion des molécules d’eau (présentes dans le sang qui irrigue le
cerveau) varie selon les zones cérébrales, ce qui peut rendre compte de
son organisation et de sa complexité.
Article extrait du magazine " Recherche & Santé 144 "