Ménopause : le traitement hormonal substitutif que je prends est-il dangereux pour ma santé ?

04 novembre 2020

Depuis une vingtaine d'années, il est communément admis que le traitement hormonal substitutif (THS) pris par certaines femmes pour diminuer les effets secondaires de la ménopause augmente le risque de cancer du sein.

Mais le THS continue d'être prescrit car il améliore considérablement le quotidien de certaines femmes.

Alors, comment résoudre ce dilemme ?

Marina Carrère d'Encausse, médecin, journaliste et marraine de la FRM, répond à vos questions.

Que sait-on concrètement des liens entre risque de cancer du sein et traitement hormonal substitutif (THS) ?

Le THS est en effet reconnu pour être un facteur de risque du cancer du sein. Deux principales études l'ont démontré.

  • La première, américaine, date du début des années 2000. Elle a prouvé que le THS avait un effet bénéfique sur les troubles climatériques (les bouffées de chaleur) mais qu'il augmentait le risque de développer un cancer du sein.
  • La deuxième étude, britannique, est la Million women study de 2003. Ses résultats se sont révélés similaires à ceux de l'étude américaine.

Cela veut-il dire qu'il faut proscrire ce traitement ?

Au vu de la nette amélioration de qualité de vie qu'il procure aux patientes souffrant de bouffées de chaleur parfois insoutenables, non.

En revanche, il faut traiter uniquement les patientes symptomatiques dès la ménopause et pendant cinq ans.

Au-delà, le traitement n'est plus justifié. Durant le traitement, un accompagnement rigoureux par le gynécologue ou le médecin traitant est aussi primordial. Une récente étude parue dans le Lancet (2019) fournit sur ce sujet des chiffres assez parlants. En effet, si on dit à une femme que « pour 50 femmes traitées par THS, il y en a une de plus qui va développer un cancer du sein par rapport à 50 femmes non traitées par THS », c'est finalement une augmentation du risque assez faible si on compare au risque global de cancer du sein qui est d'une femme sur neuf ou dix. Le ratio bénéfice/risque doit donc être discuté au cas par cas avec le médecin ; certaines femmes acceptent ce faible surrisque au regard de la nette amélioration de leur qualité de vie.

Par ailleurs, il est évidemment indispensable de respecter le dépistage du cancer du sein, à savoir une mammographie tous les deux ans ainsi qu'un examen clinique tous les ans. Enfin, il est essentiel de dépister les autres facteurs de risque de cancer du sein tels que le manque d'activité physique, la consommation d'alcool et le surpoids.

Avec l'aide de Roman Rouzier, médecin, spécialiste en gynécologie-obstétrique et en cancérologie et directeur médical de la sénologie et de la gynécologie à l'Institut Curie, à Paris.