Portraits de chercheur.euses obstiné.e.s : Jennifer Bordenave

25 novembre 2019

Le Pr Catherine Chaussain, Emmanuel Farge, Jennifer Bordenave… Ces chercheur.euse.s dont les pistes innovantes ont contribué à faire avancer la recherche médicale sont unanimes : la première qualité d'un chercheur est l'obstination. Si l'échec et le doute ont parfois traversé leur trajectoire, ils ne les ont jamais empêchés d'avancer.

JENNIFER BORDENAVE

Chercheuse doctorante à l'Inserm

Unité Inserm U999 « Hypertension artérielle pulmonaire : physiopathologie et innovation thérapeutique » dirigée par le Pr Marc Humbert, Le Plessis-Robinson.

Pouvez-vous présenter l'objet de votre recherche ?

En tant que doctorante dans le groupe de Christophe Guignabert, j'ai travaillé sur l'hypertension artérielle pulmonaire. Cette maladie rare qui se caractérise notamment par l'accumulation excessive de cellules de la paroi des artères pulmonaires et conduit à une augmentation de la pression sanguine dans ces artères. À ce jour, il n'existe pas de traitement pour en guérir et cette maladie peut conduire à une insuffisance cardiaque grave. J'ai étudié le rôle des péricytes, des cellules importantes pour le bon maintien de l'intégrité des artères pulmonaires. J'ai d'abord montré que les péricytes de patients migrent, prolifèrent et se différencient davantage que les péricytes normaux. Des observations chez des souris modèles mimant la maladie ont confirmé leur rôle dans la pathologie. J'ai ensuite identifié les voies moléculaires impliquées, qui constituent des cibles thérapeutiques potentielles.

Avez-vous été particulièrement persévérante ?

Il n'y a pas le choix dans le domaine de la recherche : les expériences ne marchent pas du premier coup. C'est un travail de longue haleine. Il faut toujours répéter, revoir le protocole et ne pas s'arrêter au premier obstacle. En recherche, on a beaucoup plus d'échecs que de réussites.

Quelle a été votre plus grande difficulté ?

Pendant 8 mois, j'ai essayé de réaliser une expérience qui n'a pas fonctionné. Je suis alors repartie sur une autre voie. Il faut savoir se repositionner, remettre en question son projet et faire preuve de sens critique. Même un résultat négatif est une indication.

Avez-vous déjà pensé à abandonner ?

Oui, car la recherche représente beaucoup de pression et de compétition. C'est l'équipe qui permet de rebondir. Partager aide à relativiser et trouver de nouvelles voies en cas d'impasse.

Qu'est-ce qui vous fait vous lever le matin ?

La curiosité ! Aller plus loin dans les expériences, trouver de nouvelles pistes.

Êtes-vous une obstinée raisonnable ou jusqu'au-boutiste ?

Jusqu'au-boutiste mais de façon raisonnable ! Il faut rester à l'écoute des résultats et des autres. Quand il y a un obstacle, il est essentiel de communiquer et de se repositionner si besoin.

L'obstination en… Un mot ?

Persévérer.

Une phrase ?

Voir ce qu'il y a derrière

Un objet ?

Une fleur qui s'épanouit dans le temps, un processus de croissance

Autres témoignages d'obstiné.e.s

PR CATHERINE CHAUSSAIN

Chirurgien-dentiste et titulaire d'un doctorat en biologie.

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EMMANUEL FARGE

Directeur de recherche Inserm, responsable de l'équipe « Mécanique et génétique du développement embryonnaire et tumoral ».

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JENNIFER BORDENAVE

Chercheuse doctorante à l'Inserm dans l'unité Inserm U999 « Hypertension artérielle pulmonaire : physiopathologie et innovation thérapeutique ».

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