Entretien avec Valérie Lemarchandel, directrice scientifique de la FRM, sur l’engagement de la FRM face à la crise actuelle et la menace des virus émergents

05 août 2020

« La FRM vit une mobilisation sans précédent. Notre ambition : répondre à l'urgence face à l'épidémie de Covid-19, mais aussi préparer l'avenir »

Valérie Lemarchandel, directrice scientifique de la Fondation pour la Recherche Médicale, détaille les actions entreprises par la FRM pour faire face à la crise sanitaire actuelle et rappelle l'engagement de longue date de la FRM en matière de recherche sur les virus émergents.

Comment se concrétise l'action de la FRM face à l'urgence de la crise sanitaire due au virus SARS-CoV-2 ?

Valérie Lemarchandel : « Dès le tout début de l'épidémie, nous avons souhaité contribuer efficacement et rapidement à la lutte contre ce virus. Et de nombreux partenaires et mécènes ont manifesté leur volonté de soutenir les recherches nécessaires. En moins de 48 heures, nous avons donc constitué un groupe d'experts sur le sujet : virologues, immunologistes, etc. Je salue ici leur engagement enthousiaste et immédiat aux côtés de la FRM ! Avec eux, nous avons opté pour des partenariats avec les grands acteurs de la recherche française, qui œuvrent sur le terrain et connaissent les besoins en temps réel. Nous nous sommes donc associés, d'une part, au consortium REACTing, piloté par l'Inserm. Cela nous a conduits à soutenir rapidement quatre projets cliniques à hauteur de 460 000 euros. D'autre part, nous sommes partenaires de l'Agence nationale de la recherche (ANR) dans le cadre de son appel à projets Flash Covid-19. Nos experts ont sélectionné vingt des propositions retenues en urgence par le comité d'évaluation de l'ANR, aux-quelles nous apportons un appui d'un montant total de 3,6 millions d'euros. »

Quelles retombées peut-on espérer de ces recherches ?

V. L. : « Fidèles aux règles de la FRM, nous avons choisi de soutenir des projets d'excellence et à fort impact. Des critères qui, sans les garantir le risque fait partie de la recherche, favorisent l'obtention de résultats rapides. En particulier, les programmes cliniques en cours devraient fournir des informations à très court terme, voire à moyen terme, c'est-à-dire dans les semaines et mois à venir. Certains concerneront les traitements, d'autres éclaireront les décisions à prendre pour la sortie de confinement (niveau d'immunité de la population, proportion de cas asymptomatiques, effet des mesures de prévention, etc.). »

Et pour l'avenir, quelle stratégie envisage la FRM en matière de virus émergents ?

V. L. : « Il faut rappeler que la FRM a toujours soutenu les recherches sur les virus émergents : depuis 2009, une soixantaine de projets ont été financés. Nous allons néanmoins réfléchir à la manière de renforcer notre soutien à cette thématique. Dans le futur immédiat, tous les fonds collectés dans cette période d'urgence seront investis. Grâce à l'engagement exceptionnel de nos donateurs, nous sommes en effet en capacité de poursuivre les partenariats mis en place et de répondre à d'autres sollicitations qu'ils nous soumettraient. En parallèle, le comité de la recherche étudiera la pertinence de faire des virus émergents un nouvel axe prioritaire pour la FRM. Les scientifiques ne cessent en effet de nous alerter sur la survenue probable d'autres virus épidémiques. Seule solution pour anticiper et les endiguer : un travail au long terme sur leur fonctionnement, sur les vaccins, sur le développement de nouveaux médicaments. Il faut miser aujourd'hui sur la recherche fondamentale ! »