01 mars 2024

Dépression : le rôle du microbiote intestinal via le nerf vague

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En résumé

Cette avancée a été obtenue par un consortium de chercheurs financés par la FRM auquel ont participé Frank Oury, à la tête de l'équipe « Neurobiologie Intégrative », Eleni Siopi et Manon Rivagorda (postdoctorantes), et Mathieu Galerne (doctorant) dans son équipe, à l’Institut Necker-Enfants Malades à Paris.

535 530 €

Financements attribués à Frank Oury en 2019 (400 000 €) pour une « équipe FRM » (incluant les salaires des Drs. Eleni Siopi et Manon Rivagorda) et à Mathieu Galerne pour un contrat doctoral en 2022 (105 600 €) puis pour une fin de thèse en 2023 (30 530 €).

Un travail collaboratif entre des chercheurs de l’institut Pasteur (équipe Dr. Pierre-Marie Lledo) et de l’institut Necker Enfants-Malades (INEM) (équipe Dr. Franck Oury) ont montré que le transfert du microbiote intestinal d’une souris ayant un comportement dépressif vers une souris indemne suffisait à induire des symptômes dépressifs chez cette dernière.

Ils ont par la suite découvert que le microbiote exerçait son action via le nerf vague, et que le sectionner permettait de prévenir le développement des symptômes.

Ces résultats, s’ils sont transposables chez l’Homme, pourrait ouvrir la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques de la dépression.

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La découverte en détails

Un tiers des cas de dépression résistent aux traitements

La dépression est une pathologie très fréquente, qui touche une personne sur 5 au cours de sa vie en France. La prise en charge par des antidépresseurs et des thérapies non médicamenteuses est efficace dans 70 % des cas. Ces données poussent les chercheurs à explorer de nouvelles modalités de prise en charge de la maladie. Celle du microbiote intestinal est prometteuse : des équipes ont ainsi montré qu’il avait un impact sur les troubles dépressifs chez l’animal.

Le microbiote intestinal en ligne de mire

Mais, tout d’abord, qu’est-ce que le microbiote intestinal ? Le microbiote intestinal regroupe des milliers de milliards de microorganismes, des bactéries, mais également des virus et des champignons, vivant dans les intestins. Des études réalisées sur ce microbiote ont montré qu’il pouvait exercer des actions diverses : digestion de composés non dégradables par le système digestif seul, synthèse de molécules essentielles à l’organisme, comme certaines vitamines, mais aussi participation à l’immunité en dialoguant notamment avec le système immunitaire et en modulant l’inflammation.

Des recherches ont montré que lorsque le microbiote intestinal est perturbé dans sa composition et/ou son fonctionnement, il peut être associé à des pathologies. Forte de ce constat, l’équipe a souhaité explorer les relations entre microbiote intestinal et troubles dépressifs.

Un déséquilibre du microbiote peut induire la dépression chez l’animal

Ils ont ainsi transféré le microbiote intestinal de souris atteintes de stress chronique, un facteur de dépression, à des souris saines. Ils ont observé que ces dernières développaient par la suite tous les symptômes caractéristiques d’un état dépressif comme une diminution de la motivation et une indifférence à l’extérieur.

Une voie thérapeutique intéressante

Les chercheurs se sont par la suite intéressés à la manière dont la composition du microbiote pouvait dialoguer avec le cerveau. Ils ont ainsi observé qu’un nerf, le nerf vague, était stimulé par le microbiote des souris dépressives.

Le nerf vague est un élément central dans le bon fonctionnement du corps. Il participe à des fonctions essentielles dans l’organisme comme la régulation de la respiration, des battements cardiaques, de la digestion, des sécrétions hormonales… Les chercheurs ont réalisé une section partielle de ce nerf chez les souris après transfert d’un microbiote déséquilibré provenant d’individus dépressifs. Ils ont observé qu’elles ne développaient plus de troubles.

Une observation qui, si elle se confirme chez l’humain, ouvre la voie à des nouvelles stratégies thérapeutiques de certaines formes de dépression. Il ne s’agira bien sûr pas de sectionner le nerf des patients, mais plutôt d’agir pour moduler son activité.

Source : Siopi E et al. Gut microbiota changes require vagus nerve integrity to promote depressive-like behaviors in mice. Mol Psychiatry 2023; 28(7): 3002–12.

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