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L'apparition de vaccins contre la Covid-19 nous offre une perspective de sortie de la pandémie actuelle.
Comment juge-t-on de l'efficacité d'un vaccin ? Quels sont leurs effets secondaires ? Quels sont les arguments en faveur d'une vaccination généralisée de la population ?
Les réponses de Michel Cogné, chercheur et professeur d'immunologie à l'Université de Rennes.
Comment juge-t-on de l'efficacité d'un vaccin ?
Michel Cogné : « L'efficacité d'un vaccin est évaluée au cours de différentes phases.
La première, la phase 1, consiste à vérifier que le vaccin induit bien une réponse chez les personnes qui l'ont reçu. Elle se traduit par la production d'anticorps ou de cellules immunitaires capables de reconnaître l'antigène.
Ensuite, le but est de montrer que le vaccin protège. C'est ce que l'on vérifie lors des essais de phase 2 puis de phase 3, dont l'objectif est d'observer la protection obtenue. Il s'agit de valider, à grande échelle, en comparant des personnes vaccinées et non vaccinées que le risque de développer la maladie est très diminué par la vaccination.
Il ne suffit donc pas qu'il y ait une réponse suite au vaccin, mais il faut aussi que cette réponse soit protectrice de la maladie. C'est ce qui définit réellement son efficacité. »
Que sait-on des différents effets secondaires liés à aux vaccins contre la Covid-19 ?
M. C. : « En médecine, il faut toujours être prudent. Un vaccin, c'est un médicament qui, même s'il marche, peut avoir des effets secondaires. En l'occurrence, les études réalisées sur des dizaines de milliers de personnes déjà vaccinées ne montrent pas d'effets secondaires préoccupants. Il est tout de même important d'en parler.
Toute infection peut donner des effets secondaires, puisqu'elle induit une inflammation. Après une maladie comme la Covid-19, il y a beaucoup de manifestations inflammatoires complexes. Un vaccin n'est rien d'autre qu'un « simulacre » d'infection, beaucoup moins sévère et donc beaucoup moins pro-inflammatoire. A l'image de l'infection qu'elle mime, mais de façon très minorée, toute vaccination gardera donc un risque d'entraîner des manifestations post-inflammatoires. On sait tous par exemple, qu'après avoir été vacciné, on peut avoir un peu de fièvre, une rougeur et une douleur. Ces manifestations sont normalement résolutives en quelques jours. »
Que pensez-vous de la défiance des Français vis-à-vis de la vaccination ?
M. C. : « C'est l'un des paradoxes du pays de Pasteur : il est vrai que les Français ont une méfiance globale vis-à-vis de la vaccination, ce qui a des effets particulièrement délétères.
Nos jeunes filles sont les plus mal protégées des pays développés contre le papillomavirus- un virus à l'origine d'infections sexuellement transmissibles-. On ne se vaccine pas non plus contre la varicelle contrairement à l'Amérique du Nord.
La vaccination est sous-utilisée en France du fait de cette méfiance complètement indue. »
Que faudrait-il faire pour que cela change ?
M. C. : « Il faut informer sur les bénéfices des vaccins, qui sont immenses et démontrés, et sur leurs risques, qui sont minimes, maîtrisés et surveillés.
Je pense qu'il y a n'y a pas suffisamment d'information sur la notion de bénéfice-risque, alors que cette notion peut aider chacun à faire des choix lucides et salutaires. Si le risque de présenter un effet secondaire, petit ou même important, est d'une fois sur un million, mais que le vaccin vous protège d'une maladie sévère qui va vous tuer 1 fois sur 100 et qui va avoir des répercussions graves dans 3 à 4 % des cas, alors il faut se faire vacciner. Outre un bénéfice individuel, il y a également le souci de transmettre ou pas un virus : la vaccination est un moyen d'empêcher sa propagation.
Attention, il ne s'agit pas non plus de nier ce risque. J'ai l'habitude de dire à mes étudiants que la vaccination est comme une ceinture de sécurité : elle peut provoquer une fracture de la clavicule en cas de choc mais elle vous évite aussi de traverser le pare-brise, d'avoir des lésions graves et éventuellement de trouver la mort. »
Quelles sont les leçons selon vous à tirer de cette pandémie ?
M. C. : « Cette pandémie a fait réaliser à tous l'importance de soutenir une recherche fondamentale active et la mise au point de nouveaux antimicrobiens et vaccins. Pour cela, il faut des laboratoires bien armés, bien équipés, avec une expertise.
Cela sous-entend que l'on soit capable, hors pandémie, de développer un savoir-faire qui implique tous domaines des sciences de la vie : bactériologie, virologie, physiologie, immunologie et de former des gens prêts à participer à ce combat lorsque cela s'avère nécessaire. Il y a un besoin continu de cette infrastructure, de cette recherche, de cette expertise et des personnes qui vont avec : ce genre de choses ne s'improvise pas au moment où une pandémie survient. »
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