Grippe : génétique et infection, quelles relations ?


Chaque année, 2 à 6 millions de Français sont touchés par la grippe et, en moyenne, 10 000 en décèdent. Les symptômes, d’apparition soudaine, associent forte fièvre, douleurs musculaires et articulaires, maux de tête, toux sèche et fatigue intense. Causée par un virus, la grippe se propage aisément par les voies aériennes, notamment dans les endroits confinés. Si le traitement repose principalement sur le repos, une bonne hydratation et la gestion des symptômes, quelques antiviraux peuvent être prescrits très tôt aux personnes à risque. Pour elles, la vaccination reste toutefois la solution la plus sûre.
Chaque année, entre novembre et avril, l’épidémie de grippe saisonnière réapparaît dans l’hémisphère nord. Elle dure généralement 10 à 11 semaines. Son évolution dépend du type de virus en circulation mais aussi du climat, des mouvements de population.
Selon Santé publique France, 2 à 6 millions de Français sont touchés par la grippe saisonnière chaque année, ce nombre variant beaucoup d'une année sur l'autre. Elle serait responsable en moyenne de 10 000 décès par an, et ce, majoritairement chez les sujets âgés : 90 % des décès surviennent chez les personnes de 65 ans et plus.
Plusieurs épidémies ont été particulièrement virulentes : comme la grippe espagnole de 1918-19 (causant 50 millions de morts), la grippe asiatique en 1957, celle de Hong Kong en 1968 ou encore en 2009.
En réalité, il n'y a pas une grippe, mais des grippes. Il s’agit de maladies infectieuses respiratoires aiguës très contagieuses dues aux virus influenza de type A, B ou C. Ces virus à ARN enveloppé, de la famille de Orthomyxoviridae, touchent essentiellement les voies aériennes. Les virus de type A et B sont responsables des épidémies de grippe saisonnière alors que les virus de type C sont plus rares.
Pour les virus de type A, il existe une classification en sous-types déterminés par les protéines présentes à leur surface : hémagglutinine (H1 à H15) et neuraminidase (N1 à N9). Ainsi, deux virus A du même sous-type peuvent ne pas avoir les mêmes pouvoirs de pathogénicité et de contagiosité. On parle alors de souches virales différentes. Cette grande variété est liée à des mutations génétiques ou des échanges de gènes entre virus. Grâce à ces mécanismes, ils acquièrent très rapidement de nouvelles propriétés, et trompent facilement notre système immunitaire.
Les premières manifestations de la grippe apparaissent en général de façon brusque, après une période d’incubation de 24 à 48 heures : toux avec forte fièvre (plus de 39 °C) accompagnée de frissons, douleurs musculaires et articulaires, fatigue intense et maux de tête. Ces symptômes durent de plusieurs jours à une semaine. Le malade peut mettre jusqu'à deux semaines pour se rétablir complètement, et la fatigue peut perdurer 3 à 4 semaines.
Une fois les symptômes déclarés, le malade reste contagieux pendant 5 jours pour un adulte et jusqu’à 7 jours pour un enfant.
Attention, il ne faut pas confondre la grippe du syndrome grippal qui associe plusieurs symptômes classiques de la grippe, moins intenses, et causés par d’autres types de virus (rhinovirus, adénovirus, etc.).
La plupart des complications de la grippe concernent l'appareil respiratoire et sont souvent dues à une surinfection bactérienne : ces pneumopathies peuvent être mortelles pour les plus fragiles (notamment les personnes âgées, les nourrissons, les immunodéprimés, ou les personnes déjà malades) et se caractérisent par des lésions pulmonaires étendues, et des complications cardiaques et cérébrales.
La grippe peut aussi aggraver une maladie chronique déjà présente. Les personnes diabétiques, insuffisantes cardiaques et/ou pulmonaires, les personnes atteintes de mucoviscidose ou de néphropathie sont donc davantage sujettes aux complications.
Les femmes enceintes et les nourrissons de moins de six mois sont également à risque.
C’est pourquoi, ces personnes fragiles sont invitées à se faire vacciner gratuitement. Les nourrissons, qui ne peuvent être vaccinés, bénéficieront de la vaccination de leur entourage (constituant un geste barrière pour les bébés).
A noter que, pour les personnes exposées au virus de la grippe ou fréquentant des populations à risque, à savoir les professionnels de santé, les proches de nourrissons ou de personnes fragiles, ou encore les personnels navigants auprès de voyageurs, la vaccination est aussi fortement recommandée.
Le diagnostic de la grippe est posé principalement après description des signes cliniques. En cas de doute, un test antigénique peut éventuellement être prescrit pour vérifier l’absence de Covid-19. Un test virologique PCR sur un prélèvement respiratoire peut également confirmer le diagnostic ou préciser quel autre type de virus (Sars-Cov-2, rhinovirus, adénovirus, etc.) est responsable des symptômes. Il n’est réalisé que chez les personnes à risque ou en cas de formes graves.
La contamination se fait tout d'abord par voie aérienne, par l’intermédiaire de gouttelettes de salive ou de sécrétions respiratoires. En effet, l'une des forces des virus grippaux est leur capacité à se disperser facilement. Les virus se transmettent par voie aérienne lorsque des personnes infectées parlent (postillons) ou éternuent.
La contamination peut aussi passer par des objets souillés (mouchoirs, vêtements, etc.). Les lieux confinés et propice à la promiscuité, tels que les transports en commun ou les écoles, favorisent aussi la transmission du virus. A noter que le virus survit quelques minutes sur la peau, quelques heures dans des sécrétions séchées (mouchoirs, etc.) et plusieurs jours sur des surfaces inertes.
Chez les espèces animales, les virus logent dans le système digestif. La contamination de l'animal à l'Homme passe donc par les excréments des animaux infectés : l'Homme se contamine en respirant leurs microparticules en suspension dans l'air.
La prévention repose sur la vaccination, c'est-à-dire la stimulation du système immunitaire afin qu'il fabrique des anticorps avant même d'avoir rencontré le virus. Chaque année, en février (pour l’hémisphère nord), l'Organisation mondiale de la Santé décide de la composition du vaccin pour l'hiver à venir, en fonction des souches virales qui ont circulé l'année précédente.
Il est nécessaire de se faire vacciner chaque année afin que les défenses immunitaires soient efficaces contre les nouveaux virus qui circulent et restimuler la mémoire immunitaire (qui diminue fortement 6 mois après la vaccination). Depuis 2025, des vaccins dédiés aux personnes âgées sont disponibles en France, ils sont hautement dosés ou permettent de renforcer les défenses immunitaires, souvent affaiblies avec l’avancée en âge.
Les mesures d’hygiène individuelles sont également efficaces pour limiter la transmission du virus : bien aérer son logement, limiter les contacts avec les personnes fragiles, porter un masque, se laver les mains fréquemment, tousser dans son coude, jeter ses mouchoirs usagés.
Les traitements de la grippe sont essentiellement symptomatiques : ils visent principalement à limiter les accès de fièvre. Des traitements peuvent également soulager les douleurs ou la toux. Une bonne hydratation et du repos sont également préconisés.
Pour les cas les plus sévères ou les personnes à risque, des antiviraux peuvent être prescrits, mais ils sont efficaces à condition d'être administrés dans les premières heures après l'apparition des symptômes.
Enfin pour les formes compliquées, le site de l'Assurance Maladie précise qu'une hospitalisation peut s'avérer parfois nécessaire.
La recherche médicale est très active pour optimiser la vaccination. L’une des pistes est de parvenir à fabriquer un vaccin universel qui serait efficace contre n'importe quelle souche de virus. Les chercheurs travaillent aussi sur le mode d'administration des antiviraux, qui peut influer sur leur efficacité. Des vaccins administrés en intranasal par exemple ont été développés. L'objectif : prendre le virus de vitesse en bloquant sa multiplication au plus tôt.
Par ailleurs, la recherche nourrit l'espoir de trouver de nouveaux traitements antiviraux, plus efficaces. Ils espèrent notamment améliorer la fenêtre d’efficacité et lutter contre les souches résistantes.
Les chercheurs essaient aussi de mieux comprendre le développement de la maladie, afin de découvrir d’éventuelles pistes thérapeutiques. Par exemple, ils aimeraient comprendre le lien entre génétique et sévérité de l’infection ou encore le lien entre génétique et efficacité du vaccin.
Enfin, la recherche tente de comprendre pourquoi les personnes âgées sont plus sensibles au virus de la grippe. Plusieurs pistes sont explorées, comme celle du microbiote intestinal qui joue un rôle dans l’immunité pulmonaire. Restaurer un microbiote plus sain pourrait rendre ces personnes plus robustes face à la maladie. Une autre piste serait de cibler les cellules sénescentes, afin de mieux contrôler la réponse immunitaire.
Pour y parvenir, le chemin est encore long. La recherche fondamentale se focalise donc actuellement sur une meilleure compréhension des mécanismes de réplication et d’évolution des virus. Ces connaissances devraient ouvrir la voie à des pistes innovantes et très pointues pour bloquer leur multiplication.
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