Tout savoir sur l'arthrose

Quelques données sur l'arthrose

L'arthrose est la maladie articulaire la plus fréquente : au niveau mondial, elle concerne 10 % des personnes tout âge confondu. Aujourd’hui, on estime que 10 millions de Français sont concernés. Près de la moitié présentant une arthrose dite « symptomatique ».

Cette maladie survient principalement après 50 ans. 65 % des plus de 65 ans sont touchés et 80 % des plus de 80 ans.

Qu'est-ce que l'arthrose ?

L'arthrose se caractérise par une destruction progressive du cartilage, ce qui engendre une production accrue de liquide synovial, le liquide qui se trouve au niveau des espaces articulaires et qui est sécrété par les cellules du tissu tapissant l'articulation. Cela entraîne un gonflement et des crises inflammatoires. Après plusieurs années dévolution, elle peut s'accompagner d'une condensation de l’os sous-jacent voire d'excroissances osseuses appelées « ostéophytes ».

Contrairement aux idées reçues, l’arthrose ne constitue pas une usure normale des articulations. C’est une pathologie à part entière, liée à des phénomènes mécaniques et biologiques qui déstabilisent l’équilibre entre la synthèse et la dégradation du cartilage.


Plusieurs formes de la pathologie

Aujourd'hui, on connaît beaucoup mieux les mécanismes biologiques et mécaniques impliqués dans l’arthrose : les chercheurs savent désormais qu’il s’agit d'une maladie de toute articulation, où, en plus du cartilage, l’os, le tissu synovial et le tissu adipeux sont aussi impliqués. Ils ont aussi compris que les articulations sont sous l’influence de l’ensemble de l’organisme.

On distingue ainsi plusieurs formes de la maladie, selon qu’elle a pour cause principale le surpoids, des traumatismes articulaires répétés ou l’âge. Certaines arthroses évoluent beaucoup plus rapidement que d’autres mais sans que l’on sache encore pourquoi.


** Quelles sont les articulations pouvant être touchées par l'arthrose ?**

Toutes les articulations peuvent être atteintes par l’arthrose. La maladie peut ainsi toucher la colonne vertébrale, le genou (gonarthrose), la hanche (coxarthrose), le pouce (rhizarthrose), l’épaule, la main, la cheville, le pied.

Les arthroses du genou et de la hanche concernent respectivement 30 % et 10 % des personnes de 65 à 75 ans. Elles sont plus invalidantes car elles touchent des articulations importantes qui portent le poids du corps.

Quels sont les facteurs de risque de développer une arthrose ?

Les facteurs de risque de développement de la maladie sont, de manière variable selon le type d’arthrose en jeu :

  • le vieillissement ;
  • les anomalies métaboliques comme l’obésité, le diabète ou, plus largement, le syndrome métabolique (association de plusieurs troubles que sont l'hypercholestérolémie, une hyperglycémie chronique et l’hypertension artérielle conjointement à un excès de tissus adipeux au niveau de l’abdomen) ;
  • les surcharges mécaniques liées au surpoids ;
  • certaines prédisposition familiales.

On peut aussi noter que certaines maladies peuvent entraîner une arthrose, comme la polyarthrite rhumatoïde (une maladie inflammatoire auto-immune des articulations) ou l'hémochromatose (pathologie génétique entraînant une accumulation de fer dans l’organisme), mais également les antécédents de traumatismes au niveau des articulations. On appelle ces arthroses « arthroses secondaires ».

Quels sont les symptômes de l'arthrose ?

D'abord silencieuse, l'arthrose alterne ensuite entre phases chroniques et crises inflammatoires.

Lorsqu'elle est symptomatique, la maladie entraîne des douleurs et des raideurs au niveau de l’articulation concernée. On peut également observer des gonflements articulaires, voire des déformations. Il peut aussi y avoir une notion de « dérouillage matinal », c’est-à-dire une nécessité de mobilisation des articulations plusieurs minutes le matin pour en faciliter le mouvement.

Comment est fait le diagnostic de l'arthrose ?

Devant des symptômes évocateurs, le praticien peut avoir recours à la radiographie afin de confirmer le diagnostic. Les lésions d'arthrose au niveau de l’articulation sont en effet très caractéristiques.

En revanche, il faut noter que l’importance des lésions visibles à la radiographie n'est pas strictement corrélée à la douleur.

Quels sont les traitements de l'arthrose ?

Il n’existe aujourd’hui aucun traitement « de fond » de l’arthrose, des thérapies permettant d’enrayer le processus pathologique.

Pour ce qui est de la prise en charge de la douleur, le paracétamol est quasi inefficace et les anti-inflammatoires non stéroïdiens soulagent, mais conviennent à très peu de patients. Les corticoïdes ne peuvent être utilisés que lors des crises inflammatoires, et les opioïdes sont en général mal supportés par les patients, ce qui limite leur utilisation.

Les injections d'acide hyaluronique (la viscosupplémentation) et les anti-arthrosiques symptomatiques d'action lente (AASAL), censés suppléer à la destruction du cartilage, n'ont pas apporté une preuve d'efficacité clinique suffisante au-delà de l'effet placebo dans les essais cliniques. Cela explique pourquoi l'Assurance maladie ne les rembourse plus depuis quelques années.

En pratique, les praticiens conseillent aux patients de perdre du poids lorsque cela est nécessaire, et de pratiquer une activité physique régulière qui permet de mobiliser et renforcer les articulations. Malheureusement, les chercheurs ne savent pour le moment pas si cela permet de ralentir véritablement la progression de la maladie.

Enfin, la pose d'une prothèse peut être envisagée quand l'articulation est trop atteinte mais cela reste une intervention chirurgicale invasive utilisée en dernier recours.

Quels sont les axes de recherche dans l'arthrose ?

Le manque de traitements disponibles pose de réels problèmes de prise en charge. Cela explique pourquoi les chercheurs ont fait de cette question une priorité. Les équipes mènent des essais qui ciblent la douleur, d’autres l’inflammation, d’autres encore la reconstitution du cartilage, mais chaque phénomène n’est probablement pas impliqué de la même façon dans les différents types d’arthrose.

Des molécules, les biothérapies, ont suscité beaucoup d’espoir. Ces molécules ciblent spécifiquement les mécanismes que l’on pense impliqués dans la maladie. Ainsi, des anticorps anti-TNF, anticorps qui bloquent une molécule stimulant la réaction inflammatoire, ont d’abord été testés mais sans succès contre l'arthrose. Les anti-NGF, ciblant certains mécanismes de la douleur, ont montré une certaine efficacité. Malheureusement, chez une proportion significative de patients, ils induisaient une arthrose accélérée. Autre espoir douché, la sprifermine : ce facteur qui stimule la croissance et la prolifération des cellules du cartilage ne permet cependant pas de soulager la douleur de patients atteints d'arthrose du genou.

Des études récentes se penchent sur la « voie Wnt », cascade de réactions moléculaires impliquée dans le métabolisme du cartilage. Un essai clinique de phase 3 est en cours pour un médicament appelé lorecivivint, avec l’espoir de confirmer qu’il ralentit la destruction du cartilage comme cela a été observé au préalable, mais surtout qu’il soulage réellement les patients atteints d'arthrose du genou, et permet de retarder la pose d’une prothèse.

Quant à la thérapie cellulaire, basée sur l’injection de cellules souches directement dans l'articulation, elle est envisagée depuis plusieurs années, mais n’a pas encore montré de réelles efficacités pour traiter la maladie, et beaucoup de questions restent en suspens sur les mécanismes en jeu.

Dans un tout autre domaine, un essai prometteur a récemment eu lieu visant à stimuler le nerf vague afin de produire des effets anti-inflammatoires. Cette approche est déjà utilisée dans le traitement de la migraine ou certaines douleurs fonctionnelles. Cela a permis de soulager une vingtaine de patients atteints d’arthrose douloureuse de la main. Reste à confirmer ces résultats avec un essai de plus grande ampleur.

Ainsi, aucune piste n’est négligée pour prendre en charge la pathologie. En effet, il est fort probable que la prise en charge de la maladie intégrera à l’avenir plusieurs approches thérapeutiques qui seront combinées et adaptées à chaque patient en fonction des caractéristiques de sa maladie, selon que la dimension inflammatoire, mécanique ou douloureuse prédomine. Une véritable médecine personnalisée en somme !

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