Un pathogène qui peut vivre en « apnée »Un pathogène qui peut vivre en « apnée »

17 août 2018

Tuberculose : un bacille champion de l’apnée

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En résumé

Cette découverte a été réalisée par Olivier Neyrolles et son équipe « Interactions des mycobactéries avec les cellules hôtes » à l'Institut de pharmacologie et de biologie structurale de Toulouse.

391 093 €

Financement attribué à Olivier Neyrolles en 2016 et qui a contribué à cette avancée

La tuberculose est une maladie fréquente dans le monde, liée à une infection par le bacille de Koch.

Le bacille peut persister plusieurs années dans les poumons d'une personne infectée sous forme « dormante », au sein de structures pauvres en oxygène.

Des chercheurs ont mis en évidence une des origines de cette capacité à survivre dans ces conditions.

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En détails

La tuberculose : un fléau toujours présent

La tuberculose est la première cause de mortalité infectieuse dans le monde avec, en 2016, 10,4 millions de nouveaux cas et 1,7 million de décès d'après l'Organisation mondiale de la santé. La France n'est pas épargnée par cette infection : pour 2014, Santé Publique France estime que 4 827 personnes en ont été victimes. On sait qu'aujourd'hui le vaccin utilisé pour sen prémunir, le BCG, a une efficacité limitée. De plus, il existe de plus en plus de formes de la maladie dites « multirésistantes », c'est-à-dire résistantes aux thérapies actuelles. Ces éléments montrent qu'une recherche accrue reste nécessaire dans le domaine pour mieux comprendre les bases physiologiques de la maladie, préalable indispensable au développement de nouveaux traitements. Des chercheurs de l'Institut de pharmacologie et de biologie structurale à Toulouse ont effectué une avancée dans le domaine en identifiant les origines d'un mécanisme utilisé par l'agent pathogène pour infecter l'organisme.

Un pathogène qui peut vivre en « apnée »

La tuberculose est une infection liée à une bactérie, le « bacille de Koch » ou Mycobacterium tuberculosis. Ce pathogène s'attaque principalement aux poumons. Les bactéries peuvent y persister plusieurs années sous forme « dormante ». L'infection est alors dite « latente ». Lors de cette phase, les bactéries se regroupent dans les poumons en formant des lésions caractéristiques appelées « granulomes » (ensemble de bactéries et de globules blancs agrégés). Ces granulomes ont pour propriété d'être des milieux très pauvres en oxygène. Mycobacterium tuberculosis doit ainsi mettre en place une stratégie lui permettant d'y survivre.

Des gènes acquis d'une autre bactérie

On savait que le mécanisme mis en place par le bacille pour subsister dans des milieux pauvres en oxygène faisait appel à une molécule appelée « MOCO ». Mais la manière dont la bactérie avait acquis les gènes nécessaires à sa fabrication était jusqu'à présent inconnue. Les chercheurs sont parvenus à établir que la bactérie, au cours de son évolution, avait intégré ces gènes par « transfert horizontal ». Ce phénomène permet à ces organismes de se transmettre des gènes sans pour autant faire appel aux processus reproductifs. Les gènes de synthèse de « MOCO » auraient été transférés de cette manière à un ancêtre de Mycobacterium tuberculosis par une autre souche bactérienne, vivant elle dans le sol.

Cette découverte permet de mieux comprendre une étape clé de l'évolution du bacille de la tuberculose vers un pathogène dévastateur.

Source : Communiqué de presse CNRS ; Levillain F et al. Horizontal acquisition of a hypoxia-responsive molybdenum cofactor biosynthesis pathway contributed to Mycoium tuberculosbacteris pathoadaptation. PLoS Pathog 2017 ; 13 (11) : e1006752.

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