22 octobre 2021

Facteurs environnementaux et santé mentale : un horaire de sommeil régulier chez les adolescents potentiellement protecteur contre les pathologies psychiatriques

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En résumé

Cette découverte a été réalisée par Jean-Luc Martinot et son équipe dans lUnité Inserm 1299 « Trajectoires développementales & psychiatrie » au Centre Borelli de l’Ecole Normale Supérieure Paris Saclay, Université Paris-Saclay, à Gif-sur-Yvette.

190 200 €

Financement accordé à Jean-Luc Martinot en 2014 et qui a contribué à l'obtention de ce résultat.

Le développement d’une maladie mentale résulte d'une association entre une vulnérabilité individuelle et des facteurs de risque environnementaux.

Les problèmes de sommeil ont ainsi été associés à l’apparition de troubles mentaux à l’adolescence, sans que les mécanismes cérébraux en jeu aient été déterminés.

Des chercheurs ont obtenu des résultats intéressants dans ce cadre : ils ont notamment montré que des changements des horaires de sommeil chez les adolescents sont associés à une diminution du volume de substance grise dans des régions cérébrales impliquées dans la régulation de l’humeur.

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Le projet en détails

Maladies mentales : des recherches nécessaires

Les troubles psychiatriques sont très répandus. Selon l’organisation mondiale de la Santé, près d’un enfant ou adolescent sur cinq dans le monde est atteint d’un trouble mental. On considère qu’une personne sur 5 est atteinte d’une maladie mentale dans l’hexagone, Ces chiffres montrent l’importance de ces pathologies, et la nécessité de les considérer avec une attention toute particulière.

Des facteurs de risque environnementaux importants

Il est maintenant établi que leur apparition résulte d'une association entre une vulnérabilité individuelle et des facteurs de risque environnementaux. Ces facteurs de risque environnementaux intéressent beaucoup les chercheurs, car mieux les connaitre pourrait permettre de mettre en place des actions préventives. J-Luc Martinot et son équipe ont fait un pas en ce sens en s’intéressant aux variations des horaires de sommeil lors de l’adolescence.

Sommeil et pathologies mentales

Il est maintenant établi que problèmes de sommeil et troubles psychiatriques vont souvent de pair lors de l’adolescence. Le manque de sommeil ou les retards d’endormissement ont par exemple été reliés à une augmentation des troubles anxiodépressifs et des comportements à risque. Seulement, les mécanismes cérébraux impliqués dans cette association restent méconnus. C’est ce qu’ont souhaité explorer ces chercheurs.

Leur hypothèse était que les variations d’habitudes du sommeil chez les adolescents affectent la structure de certaines régions cérébrales, entrainant à leur tour des problèmes psychologiques voire des pathologies psychiatriques légères. Au cours de précédentes études chez des enfants âgés de 14 ans, cette équipe avait montré que les variations des horaires de sommeil durant le week-end avaient un lien avec le volume de substance grise, la zone du cerveau qui contient les corps des neurones, et ce au niveau du cortex préfrontal médian, une région impliquée dans la prise de décision.

Un impact visible sur le développement du cerveau

Les chercheurs ont ici poursuivi leurs observations chez 101 de ces adolescents suivis à 16 ans. Il s’agissait d’évaluer, en fonction des habitudes de sommeil, les variations de volume de substance grise dans l’hippocampe et l’amygdale, des zones cérébrales impliquées dans la mémorisation et dans la régulation de l’humeur et du stress. Les adolescents étaient également soumis à un questionnaire visant à évaluer leur capacité de mémorisation et leur impulsivité.

Au terme de ce suivi, les chercheurs ont observé que des réveils plus tardifs le week-end que la semaine étaient associés à des volumes de substance grise plus petits du cortex préfrontal médian et de l'amygdale. Des délais de réveil plus longs le week-end étaient reliés à des volumes de substance grise réduits de l'hippocampe et de l'amygdale.

Une action protectrice potentielle des rythmes réguliers de sommeil

Ainsi, les auteurs concluent de ces observations qu'« avoir des horaires de sommeil réguliers pendant l'adolescence pourrait constituer un facteur protecteur contre l'émergence de pathologies psychiatriques en favorisant un bon développement cérébral. »

Améliorer le sommeil chez l'adolescent constituerait donc une piste intéressante dans le cadre de la prévention des maladies mentales.

Source : Lapidaire W et al. Irregular sleep habits, regional grey matter volumes, and psychological functioning in adolescents. PLoS One 2021 Feb 10 ; 16 (2) : e0243720.

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