26 avril 2023

Microbiote intestinal et production de vitamines : une interaction prometteuse dans la prise en charge de l’obésité

01

En résumé

Une avancée à laquelle ont participé Jean Debedat, Lise Voland et l’unité Sorbonne Université, Inserm « Nutrition et obésité : approche systémique (Nutromique) » dirigée par Karine Clément à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris.

70 400 €

Financement accordé à Jean Debedat (2019) et Lise Voland (2021) pour la réalisation de leur dernière année de thèse.

Des chercheurs ont montré que l’obésité affectait la composition du microbiote intestinal, et plus récemment, que l’obésité était associée à une diminution de la production d’une des vitamines du groupe B, la biotine, par les bactéries.

L’ajout de biotine et de prébiotiques dans l’alimentation chez des modèles animaux d’obésité permet d’augmenter la diversité du microbiote, sa production de biotine et de limiter la prise de poids.

Ces résultats suggèrent que cette approche pourrait s’avérer pertinente dans la prise en charge de l’obésité.

Je donne pour la recherche

02

Le projet en détails

Obésité : un enjeu mondial de santé publique

L’incidence de l’obésité est en constante augmentation dans les pays développés. Ainsi, l’Organisation mondiale de la Santé estime que, dans le monde, le nombre d’adultes obèses s’élève à plus de 650 millions et celui de personnes en surpoids à 1,9 milliard. Cette pathologie est associée au développement de nombreuses complications comme le diabète de type 2, des atteintes cardiovasculaires ou hépatiques. Les chercheurs se sont intéressés aux moyens d’améliorer la prise en charge de l’obésité en agissant sur le microbiote intestinal, c’est-à-dire sur les micro-organismes vivant au sein du tube digestif, et également sur les molécules qu’il produit.

Ils ont ainsi montré que rétablir une bonne synthèse de certaines vitamines par les bactéries du microbiote intestinal améliore la santé de leur hôte dans le cadre d’une obésité sévère.

Une production de certaines vitamines bactériennes altérée par l’obésité

L’obésité est en effet associée à une modification du nombre et du type de bactéries présentes dans le microbiote intestinal. Ces bactéries jouent de nombreuses fonctions : elles participent à la digestion, à l’immunité ou encore à la production de molécules comme certaines vitamines, notamment la biotine (ou vitamine B8).

La biotine a des fonctions essentielles dans l’organisme : elle intervient par exemple dans la synthèse de certains acides gras ou dans la production d’énergie. Les travaux du laboratoire Nutriomique et de leurs collaborateurs ont montré que la production de biotine par le microbiote intestinal est affectée en situation d’obésité sévère. Forts de ce constat, les chercheurs ont émis l’hypothèse que rétablir dans l’organisme des taux satisfaisants de biotine et la production bactérienne de celle-ci pourrait avoir un impact positif sur l’obésité et sur ses complications.

L’action positive de la biotine bactérienne sur la pathologie

Pour étudier cette hypothèse, l’équipe a utilisé une large cohorte de patients, la cohorte européenne Metacardis, constituée pour étudier le rôle du microbiote intestinal dans le développement des maladies cardiaques et métaboliques, ainsi que plusieurs modèles expérimentaux. Au terme de leur analyse, ils ont observé que l'obésité sévère est associée à une diminution des bactéries productrices de biotine, à des taux de biotine sanguins réduits et à des défauts d’utilisation de la vitamine dans le tissu graisseux. Chez la souris, un régime riche en graisses ou la prise d’antibiotiques conduisent au même type d’altérations du microbiote et de la biotine bactérienne.

A l’inverse, la chirurgie bariatrique, acte chirurgical visant à restreindre l’absorption des aliments par la diminution du volume de l’estomac pour les cas d’obésité les plus sévères, entraine une augmentation de l’abondance des bactéries qui synthétisent la biotine dans le microbiote et une hausse de la biotine sanguine, chez l’homme comme chez l’animal.

Enfin, fait très intéressant, ajouter de la biotine ou/et des prébiotiques chez des souris rendues obèses par un régime riche en graisses, améliore la diversité de leur microbiote intestinal et la production de biotine bactérienne, tout en limitant la prise de poids et le taux de sucre sanguin.

Ainsi, cette étude montre que des stratégies qui associent biotine et supplémentation en prébiotiques pourraient s’avérer des approches pertinentes lors de la prise en charge de l’obésité sévère.

Source : Belda E, Voland L et al. Impairment of gut microbial biotin metabolism and host biotin status in severe obesity: effect of biotin and prebiotic supplementation on improved metabolism. Gut 2022 ; 71 : 2463-80. doi: 10.1136/gutjnl-2021-325753.

03

Pour aller plus loin

Soutenez les projets de recherche les plus prometteurs

Je donne€100
Après réduction fiscale, mon don me revient à €34
Je fais un don maintenant

Science ouverte

Découvrez les publications scientifiques en libre accès, liées aux projets financés par la FRM