Troubles du rythme cardiaque : prévenir la mort subite


Les troubles d’évolution du langage touchent 4 à 5 % des enfants. De formes et de sévérités variées, ces troubles nécessitent une prise en charge précoce. Des mesures pédagogiques et / ou une rééducation permettent généralement d’améliorer les apprentissages des enfants. Cependant, si, malgré ces mesures, les difficultés persistent ou si les troubles sont sévères d’emblée, un projet de soins personnalisé doit être mis en place. Les recherches actuelles tentent de comprendre l’origine et le développement de ces troubles.
Dans cette fiche, nous n’aborderons que les troubles du langage se manifestant au cours du développement. Certains de ces troubles peuvent aussi apparaître suite à AVC, un traumatisme crânien ou être liés à d’autres pathologies (trouble psychotique, autisme, etc.).
Selon l’Assurance maladie, 4 à 5 % des enfants de chaque classe d’âge sont touchés par un trouble d’évolution du langage. Parmi eux, un quart sont atteints de troubles sévères, nécessitant une prise en charge spécifique.
Selon l’Inserm, 40 % des enfants dits « dys » (c’est-à-dire présentant l’un des troubles du neurodéveloppement débutant par dys, telles la dyslexie, la dyspraxie, la dysphasie, la dyscalculie, la dysorthographie) cumulent plusieurs troubles des apprentissages.
Seuls 1 % des troubles du langage se manifestent par une dysphasie, le trouble le plus sévère.
Les troubles du langage désignent des difficultés à acquérir, comprendre, produire ou utiliser le langage de manière appropriée. Ils peuvent affecter le langage oral, le langage écrit, ou les deux, et apparaître à différents âges (chez l’enfant ou l’adulte, parfois après une lésion cérébrale). Ces troubles apparaissent bien qu’aucun déficit intellectuel ou social, ni aucune déficience sensorielle (vue, audition), motrice, psychiatrique ou psychologique ne soient présents. Ils peuvent toutefois coexister avec d’autres troubles (déficit auditif par exemple) ; leur prise en charge est alors plus complexe. Durables, ils ont des répercussions sur la vie quotidienne des enfants, sur leurs apprentissages, voire sur leur vie professionnelle et sociale.
Les troubles simples du langage oral comprennent les troubles de l’articulation (difficultés à prononcer certains phonèmes, chuintement, zozotement), le bégaiement (répétition de syllabes associée à des tension musculaire plus ou moins intenses) et le retard de parole ou de langage (survenue d’erreurs basiques chez des enfants de plus de 4 - 5 ans, souvent associée à des signes d’immaturité affective, telle la succion du pouce, la prédilection pour le biberon). Ces patients s’améliorent généralement avec une rééducation.
La dysphasie est plus complexe à traiter. La structure même du langage est affectée : le langage oral reste très sommaire et peu compréhensible. L’enfant ne peut pas nommer ou décrire une image, une situation. Durable et sévère, elle est généralement d’origine développementale. Chez ces patients, l’apparition de troubles psychiques peut interroger sur la présence de troubles de la personnalité ou psychotiques associés, voire un autisme.
Il existe également des troubles du langage écrit. Le plus connu est la dyslexie, qui est une difficulté à associer les lettres et les sons. Elle toucherait 3 à 5 % des enfants scolarisés. Peuvent s’ajouter d’autres troubles comme la dyscalculie (trouble spécifique du calcul), la dyspraxie (trouble de la coordination motrice), etc.
Pour la dyslexie, trouble le plus étudié à ce jour, une composante génétique intervient, puisque des parents dyslexiques ont un risque de 50 % d'avoir des enfants eux-mêmes dyslexiques. Des gènes de prédisposition ont été identifiés. On ne connaît pas précisément leur rôle, mais tous semblent intervenir dans la mise en place des neurones.
Les garçons sont également plus touchés par les troubles du langage, que les filles.
Certaines complications néonatales (prématurité, petit poids de naissance, etc.) augmentent le risque de développer un trouble du langage. De même, certains troubles du neurodéveloppement (TDAH, par exemple) ou des fonctions cognitives s’accompagnent de troubles du langage.
Enfin, une carence psycho - affective (négligence, voire maltraitance) et un environnement psycho - éducatif défavorable peuvent favoriser l’apparition de ces troubles.
Depuis 2021, l’Education nationale et l’Assurance maladie ont mis en place des actions de dépistage des troubles du langage, en milieu scolaire. Des tests sont réalisés auprès des enfants âgés de 36 à 42 mois scolarisés en petite et très petite section de maternelle, dans certains établissements.
Les PMI et les examens obligatoires réalisés par les professionnels de santé aux différents âges de l’enfant permettent également de repérer précocement de potentiels troubles des apprentissages et du langage.
Les parents et les enseignants sont également en première ligne pour détecter un éventuel retard de langage ou une difficulté dans l’acquisition de ces compétences.
Dépister précocement les troubles du langage est essentiel pour limiter les difficultés d’apprentissage et atténuer leurs effets délétères.
Quand un trouble du langage est suspecté, le professionnel de santé s’assure qu’il n’existe pas d’autres maladies susceptibles d’expliquer les symptômes observés : un déficit intellectuel, une déficience sensorielle (audition, vue), un trouble du déficit d’attention avec ou sans hyperactivité, du spectre autistique ou psycho-affectif, etc. Si l’enfant ne présente aucun de ces cas, des mesures simples de renforcement pédagogique doivent être mises en place et une évaluation rigoureuse et régulière de l’enfant doit permettre de vérifier si ces mesures sont efficaces.
Si l’intervention pédagogique n’apporte pas les résultats escomptés après 3 à 6 mois ou si les difficultés sont sévères d'emblée, une évaluation précise par un professionnel de santé (médecin traitant, pédiatre, médecin scolaire ou de PMI) à l’aide d’un test adapté à l’âge de l’enfant et au trouble suspecté doit être réalisé. Un bilan orthophonique complète cette évaluation. Un bilan neuropsychologique, ORL et ophtalmologique est parfois nécessaire.
Si le trouble est avéré, le professionnel de santé recherchera la présence d’autres troubles du neurodéveloppement.
Le diagnostic repose sur un ensemble de symptômes, avec une sévérité, une durée et des effets sur les apprentissages et la vie de l’enfant. La prise en charge sera adaptée à la sévérité du trouble, son pronostic d’évolution et à l’environnement.
Un retard de langage peut être repéré dès les 2 à 3 ans de l’enfant, mais le plus souvent l’atteinte est identifiée entre 4 et 6 ans car elle se traduit par un défaut des apprentissages scolaires : lecture, écriture ou les deux à la fois.
Les enfants atteints de troubles du langage oral présentent des difficultés de prononciation, de vocabulaire ou de syntaxe associées à un trouble de la compréhension. La prise en charge précoce (avant 5 ans et si possible avant 3 ans) permet d’améliorer le pronostic.
En classe de CP, le trouble spécifique des apprentissages avec déficit de lecture (dyslexie) se manifeste par une difficulté à associer les signes écrits (graphèmes) avec les sons (phonèmes) et une incapacité à comprendre rapidement le mot dans sa globalité. L’enfant déchiffre lentement et commet des erreurs. Il présente des difficultés à discriminer certains sons et à découper et manipuler les syllabes. Il peut aussi inverser certaines lettres.
Dès la naissance, le nourrisson est capable de varier ses cris. Ils évoluent progressivement jusqu’au babillage.
Vers 6 mois : Des syllabes articulées apparaissent, le bébé réagit à son prénom et au « non ».
Vers 1 an : Apparition des premiers mots, généralement courts et associés à un objet ou une situation.
De 18 à 24 mois : L’enfant associe des mots pour donner du sens, en fonction du contexte : « Donne balle ». Il s’agit d’une phase d’« explosion linguistique ».
Vers 3 ans : la structure de la phrase (sujet, verbe, complément) se développe. L’enfant commence à utiliser le « je ».
Après 3 ans, le langage se diversifie avec de nouveaux mots. Vers 6 ans, l’enfant est prêt à apprendre à lire et à écrire.
L’acquisition du langage oral est un processus naturel et actif, associé à des capacités neuro-cognitives et à la rencontre avec son environnement. L’acquisition du langage écrit, en revanche, n’est pas naturel et se développe par le biais d’un apprentissage.
En plus de l'aide pédagogique, la prise en charge vise à rééduquer l’enfant et lui fournir des stratégies pour compenser ses déficits.
Trois niveaux de prise en charge peuvent être envisagés, selon la sévérité du trouble. Le premier niveau propose une prise en charge assurée par les** professionnels de santé de proximité** : le médecin traitant, le pédiatre et le rééducateur spécialiste du trouble diagnostiqué (en général l’orthophoniste et éventuellement l’ergothérapeute ou le psychomotricien pour l’écriture). La mise en place d’un suivi permet de vérifier l’évolution et les effets de la rééducation.
Si elle reste insuffisante, la mobilisation d’une équipe pluridisciplinaire spécialisée (médecins spécialistes, rééducateur spécialiste du trouble) incluant un coordinateur spécialiste des troubles des apprentissages et du langage pourra être nécessaire. L’équipe élabore un projet personnalisé et gradué en fonction de la sévérité du trouble et de la complexité de la situation (en présence de comorbidités par exemple). Dans les cas les plus complexes, les centres de référence des troubles spécifiques du langage (CRTLA) proposent des consultations hospitalières spécialisées et des investigations multi professionnelles approfondies afin d’établir un bilan précis et la prise en charge la plus adaptée.
Afin de favoriser les apprentissages et en fonction des difficultés rencontrées, des mesures pédagogiques simples peuvent être prises à l’école : lecture des consignes à l’oral, reformulation, photocopies des cours, temps supplémentaire pour les épreuves.
En cas de troubles sévères ayant un impact important sur leur adaptation scolaire, une demande de reconnaissance en handicap peut être formulée auprès de la MDPH. Un projet de scolarisation est alors défini avec l’enseignant référent handicap. Celui-ci peut donner accès à des aides spécifiques, AESH, AVS, classes ULIS, ou des compensations financières. En fonction des besoins des patients, un plan d’accompagnement personnalisé (PAP) de l’Education nationale ou un plan de compensation (PPC) de la MDPH peuvent être réalisés. Certains centres proposent des rééducations intensives et une scolarité adaptée.
Le cerveau est un organe particulièrement complexe. Au même titre que tout organe, son développement au cours de la vie fœtale peut présenter des anomalies : cellules nerveuses qui ne migrent pas au bon endroit, connexions qui se font mal. Aujourd'hui, les scientifiques pensent que des anomalies subtiles peuvent être à l’origine d’un dysfonctionnement des réseaux cérébraux et expliquer les troubles des apprentissages observés chez certains enfants, notamment les troubles du langage.
L'absence de modèle animal pour les atteintes cognitives spécifiquement humaines, comme les troubles du langage, complique la tâche des chercheurs. Mais, grâce aux progrès techniques, les scientifiques peuvent étudier le cerveau de nourrissons et d'enfants. Ils élaborent des modèles théoriques de plus en plus précis du développement cérébral normal. Un préalable indispensable à la recherche des anomalies. La comparaison avec des sujets présentant des troubles permet ensuite de pointer les réseaux cérébraux défectueux, de visualiser les régions qui fonctionnent mal.
Les progrès de l’imagerie médicale permettent aujourd’hui de comprendre certains mécanismes associés : les chercheurs pointent par exemple des désordres neuronaux ou des déficits de connexion. Certains écueils ralentissent encore les scientifiques. La précision des techniques d’imagerie, par exemple, ne permet pas encore de cerner des anomalies très discrètes. De plus, les chercheurs sont confrontés à la question de la causalité : les anomalies observées sont-elles une cause ou une conséquence du trouble ?
Le développement de l’intelligence artificielle ouvre de nouvelles perspectives pour une meilleure compréhension des troubles du langage. Des chercheurs espèrent aussi que des modèles d’IA entraînés pourraient déceler de discrètes anomalies de langage et une gestuelle spécifique, révélatrices d’un trouble du langage, afin d’améliorer le dépistage précoce.
Beaucoup de chemin reste encore à parcourir pour pouvoir expliquer les troubles développementaux du langage. Mais l’accélération des techniques et des connaissances promet des progrès considérables dans les années à venir pour la compréhension de ces maladies neurologiques de l’enfant.
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