Les
recherches actuelles s’orientent essentiellement vers la mise au point
de stratégies visant à détruire les agrégats pathologiques du peptide
bêta-amyloïde et de la protéine Tau. Elles se basent notamment sur
l’immunothérapie, une technique qui consiste à utiliser le système
immunitaire pour qu’il s’attaque aux protéines anormales présentes dans
le cerveau. Deux voies sont explorées à cette fin : soit par l’injection
d’un anticorps dirigé contre le peptide bêta-amyloïde ou la protéine Tau anormale pour les détruire,
soit en stimulant les défenses immunitaires du patient.
Les
essais cliniques se sont multipliés au cours des dernières années mais
ont été décevants. Les chercheurs pensent que plusieurs erreurs
méthodologiques peuvent être en cause : des essais réalisés chez des
patients avec une maladie trop avancée, et donc irréversible ; des
patients souffrant en réalité d’une autre démence que la maladie
d’Alzheimer ; des mécanismes ciblés erronés, etc.
Ils repensent
aujourd’hui leur approche en misant sur une détection précoce de la
maladie qui permettrait de traiter les malades davantage en amont. De
nouvelles études sont en cours sur des patients porteurs d’une mutation
génétique, dont on est sûr qu’ils développeront la maladie. On peut
ainsi se placer avant même les premiers symptômes.
Une avancée intéressante a tout de même été réalisée dans l’immunothérapie dirigée contre le peptide bêta-amyloïde à la toute fin de l’année 2019. Elle concerne un anticorps particulier appelé Aducanumab, qui semble montrer des résultats intéressants au cours d’essais cliniques, chez une catégorie de patients. Une demande d’autorisation de mise sur le marché par le laboratoire qui le développe est en cours aux Etats-Unis.
Les anticorps anti-Tau, apparus plus récemment soulèvent également de grands espoirs. Ils visent à bloquer la capacité de la protéine Tau anormale de se transmettre, tel le prion, d’un neurone à un autre neurone : ils bloqueraient ainsi la maladie au niveau du cerveau.
Une autre stratégie d’immunothérapie est prometteuse. Elle ne cible pas les agrégats pathologiques mais l’inflammation cérébrale. En effet, les chercheurs savent aujourd’hui que la destruction des neurones s’accompagne d’une inflammation qui pourrait aggraver les lésions cérébrales et majorer les symptômes. Des chercheurs français ont réussi en 2017 à améliorer les fonctions cognitives d’animaux modèles d’Alzheimer en leur administrant une immunothérapie à base d’interleukine 2, une molécule du système immunitaire 5.
Plus largement, les chercheurs explorent le rôle du système immunitaire cérébral (autrement appelé la microglie) dans la pathologie, et cherchent à clarifier son impact exact, positif ou négatif. Ainsi, des stratégies basées sur la modulation de l’activité des cellules immunitaires pourraient voir le jour dans le futur.
Une autre approche innovante testée dans la
pathologie :
la thérapie génique. L’idée est d’apporter dans les
cellules des patients un gène ayant une action "thérapeutique". Une
étude menée par une équipe française a donné des résultats encourageants
chez des souris mimant la maladie d’Alzheimer
6 : en faisant produire
dans le cerveau une enzyme qui détruit le cholestérol cérébral en excès,
impliqué dans la pathologie, le nombre de plaques amyloïdes diminue et
les animaux retrouvent la mémoire ; et, pour la première fois, les
agrégats de protéine Tau aussi diminuent.
En 2020, les explorations continuent sur cette voie par l’équipe « Thérapie cellulaire et génique des maladies neurodégénératives » dirigée par Nathalie Cartier-Lacave à l’Institut du Cerveau (ICM), à Paris.
Enfin, de nombreuses autres petites molécules sont toujours à l’étude. Elles agissent sur différents mécanismes qui sont affectés lors de la maladie d’Alzheimer. Il s’agit par exemple d’augmenter la communication entre les neurones, ou encore d’accroître la production par les neurones de l’énergie indispensable à leur fonctionnement et à leur survie.