Toute substance active contre un microorganisme vivant, qu’il s’agisse d’une bactérie, d’un virus, d’un champignon ou même d’un parasite, exerce une pression de sélection qui conduit à l’expansion d’une population d’individus résistants à cette substance.
Le problème de résistance existe donc aussi avec les antiviraux et les antiparasitaires.
Chaque année, il survient environ 400 millions de nouveaux cas de paludisme dans le monde. Dans les années 2000, à cause d’un phénomène croissant de résistances des parasites responsables du paludisme aux traitements classiques type chloroquine ou nivaquine, « nous avons observé une forte mobilisation internationale autour de l’artémisinine, matière première de l’essentiel des traitements antipaludiques aujourd’hui. Pour développer ces nouvelles thérapies, des dérivés de l’artémisinine ont été mis au point, puis combinés avec d’autres molécules antipaludiques afin de contrôler le parasite à plus long terme, raconte le Dr Frédéric Ariey, spécialiste de la maladie à l’hôpital Cochin (AP-HP, Paris). Ces thérapies dites ACT (pour Artemisinin Combinaison Therapy) permettent aujourd’hui de limiter le risque de résistance. La mise au point de tests de diagnostic rapide a aussi permis d’accélérer la prise en charge des malades et donc de limiter la dissémination des résistances ».
Sur le front de la lutte contre le sida, un même sursaut est attendu. D’après une large étude publiée l’année dernière, dans certains pays en voie de développement 10 % des malades sont infectés par une souche de VIH* résistante, et ce avant même d’entamer un traitement ! Dans son dernier rapport, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti que cette menace croissante « pourrait compromettre les progrès mondiaux en matière de traitement et de prévention du VIH si des mesures efficaces ne sont pas prises rapidement. »
Concrètement cela signifie : repérer plus efficacement ces souches résistantes, adapter les traitements de première intention** et développer de nouveaux médicaments antirétroviraux. Rappelons qu’en 2017, environ 1,8 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH dans le monde.