Si aucune nouvelle famille d’antibiotiques n’a été mise à la
disposition des médecins depuis 20 ans, plusieurs innovations
thérapeutiques ont cependant vu le jour. La piste la plus intéressante
est celle des inhibiteurs de bêta-lactamases : ces molécules bloquent
les enzymes bactériennes capables de détruire les antibiotiques de type
bêta-lactamines (pénicilline, céphalosporine). Ainsi, depuis 2016 en
France, on dispose de médicaments associant une forme nouvelle de
céphalosporine et un inhibiteur de bêta-lactamases appelé avibactam.
Actuellement, plusieurs inhibiteurs de la famille chimique de
l'avibactam, en association avec d'autres antibiotiques, sont en
développement ou en cours d’évaluation dans le cadre d’essais cliniques.
Certaines
entreprises de biotechnologies, et notamment la Française Pherecydes,
placent leurs espoirs dans les phages, ces virus capables de s’attaquer
spécifiquement à des bactéries. Des essais cliniques sont d’ailleurs en
cours pour évaluer leur intérêt pour traiter les infections cutanées
chez les grands brûlés, et les infections pulmonaires chez des malades
atteintes de la mucoviscidose. « C’est une piste intéressante pour des cas d’impasse thérapeutique », remarque le Pr Xavier Nassif, microbiologiste à l’Institut Necker Enfants Malades (AP-HP, Paris).
D’autres
équipes songent à développer des antivirulents, c’est-à-dire des
molécules qui ne tuent pas la bactérie mais qui inactivent les facteurs
de virulence qui la rendent dangereuse pour l’Homme. « En théorie c’est très intéressant, mais pour l’instant aucune étude n’a abouti à la mise au point d’un médicament, souligne le Pr Nassif. Tant
que nous n’avons pas trouvé de nouveaux antibiotiques, il est essentiel
de préserver l’efficacité de ceux actuellement à notre disposition, en
faisant une utilisation la plus raisonnée possible et en développant les
mesures d’hygiène et de prévention pour limiter la dissémination des
souches bactériennes résistantes. »