Cette découverte est le fruit du travail de Bernard Vanhove, co-responsable de l'équipe "Modèles de xénotransplantation et allotransplantation sur grands animaux et nouvelle approche du blocage de la costimulation", et de Sophie Brouard, co-responsable de l'équipe "Régulation lymphocytaire et tolérance" au Centre de Recherche en Transplantation et Immunologie de Nantes.
L’immunosuppression : des effets secondaires importants
Un immunosuppresseur est une molécule qui a pour but d’atténuer la réaction immunitaire. La greffe d’organe allogénique (lorsque le donneur est différent du receveur) nécessite l’emploi de ce traitement à vie. Il permet de réduire de manière importante la réaction immunitaire du patient, le rendant plus tolérant vis-à-vis du greffon et évitant ainsi son rejet. Malheureusement, si ces traitements sont efficaces, leurs effets secondaires sont sérieux : risques augmentés de développer des infections ou des tumeurs, toxicité envers différents organes (foie, reins…), hypertension artérielle, dérèglements gastro-intestinaux… Aussi, il est important de mettre au point de nouvelles thérapies capables de maintenir cette tolérance du système immunitaire envers le greffon tout en réduisant les effets secondaires. Les Drs Bernard Vanhove et Sophie Brouard explorent cette thématique au sein du Centre de recherche en transplantation et immunologie à Nantes.
Les lymphocytes T régulateurs ciblés
Les chercheurs s’intéressent à des cellules du système immunitaire appelées les lymphocytes T régulateurs. Comme leur nom l’indique, elles ont pour action de moduler la réaction immunitaire : elles empêchent le système immunitaire de se retourner contre l’organisme en diminuant son activité. C’est cette propriété qui intéresse les chercheurs, leur but étant de l’utiliser afin d’empêcher le développement d’une réaction immunitaire contre le greffon.
Bloquer une protéine rend le système immunitaire tolérant
Lors de travaux précédents, les chercheurs ont découvert que lorsque l’on bloque une protéine, CD127, qui est située en surface des lymphocytes, les lymphocytes T effecteurs s’affaiblissent alors que les régulateurs deviennent plus efficaces. La réaction immunitaire est alors atténuée. Les chercheurs ont testé cette technique chez des souris greffées non traitées par immunosuppresseurs : cette approche a permis de diminuer le phénomène de rejet et d’augmenter la durée de vie du greffon.
Vers le développement d’un médicament candidat
Le projet financé par la Fondation pour la Recherche Médicale vise à poursuivre ces investigations sur le blocage de CD127. Tout d’abord, il s’agira d’observer son retentissement sur le système immunitaire en général. Les chercheurs utiliseront deux modèles animaux dont le système immunitaire est proche de celui des humains : la souris « humanisée » (modèle comprenant des gènes humains) et le primate. Lors d’une deuxième phase, ils étudieront l’effet de l’inhibition de CD127 chez le primate ayant subi une greffe rénale. Enfin, ils développeront un anticorps visant à bloquer CD127 spécifique à l’homme en vue de l’utiliser ultérieurement lors d’un essai clinique. Ce médicament-candidat sera testé chez un babouin à la suite d’une greffe rénale.
Ce projet est en continuité avec un premier travail sur le rejet de greffe et la tolérance immunitaire également financé par la Fondation pour la Recherche Médicale. Il pourrait déboucher sur la mise au point d’une thérapie innovante et améliorant la qualité de vie des patients.
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