Dans le domaine de la Reproduction humaine, trois domaines apparaissent prioritaires :
> poursuivre l’élucidation des gènes impliqués dans les hypogonadismes d’origine hypothalamo hypophysaires et gonadiques
> rechercher les gènes responsables des insuffisances ovariennes prématurées et les mauvaises réponses à la stimulation ovarienne
> continuer la recherche de susceptibilité pour le cancer du sein, notamment chez les femmes recevant un traitement hormonal de la ménopause.
Les hypogonadismes ont déjà fait l’objet de nombreuses recherches qui ont permis des progrès importants :
> Hypogonadismes par anomalies de la sécrétion de GnRH avec ou sans malformations : Syndromes de Kallmann avec anosmies, et apparentés : Kal 1,2,3 et 4, FGF 8, HS6ST1, SOX 10, GnRH 1, GnRHR, anomalies du contrôle des neurones qui sécrètent la GnRH : système Kiss, des neurokinines, et de leurs récepteurs : NKB, NK3R, Kiss1, Kiss1R, DMLX2, OTUD4, RNF216, PNPLA6,LEP,LEPR, PCSK1,NROB1…
> Syndrome complexe : CHARGE, Laurence Moon, Bardet Biedl
> Microdélétions du chromosome Y dans les régions AZF a, b et c, anomalies du caryotype : XXY ou hommes XX, chromosome Y isodicentrique, insensibilités partielles aux androgènes, translocations, inversions, mutation TEX 11 du chromosome X
> Pathologie génétique des spermatozoïdes : globozoospermies
La connaissance des mécanismes de ces hypogonadismes hypothalamo-hypophysaires, et testiculaires est cruciale pour élucider les mécanismes des infertilités masculines et des couples (186 millions de couples dans le monde).
Les progrès dans les connaissances permettront aussi de mieux définir des cibles potentielles de nouveaux traitements de l’infertilité, de reconnaître les pathologies multigéniques, et de définir de nouvelles cibles pour une contraception directement efficace sur le testicule : canaux calciques, protéines à bromodomaines, mécanisme d’action de l’acide rétinoïque dans la spermatogénèse.
La recherche des gènes responsables des insuffisances ovariennes prématurées (avant 40 ans) s’intéresse à une pathologie rare (moins de 2 % des femmes) mais très importante pour comprendre les mécanismes multiples de la ménopause prématurée, et dépister les formes familiales.
Il s’agit essentiellement des gènes qui régulent le stock des follicules primordiaux, la croissance et la maturation folliculaire, et surtout les mécanismes de l’atrésie folliculaire, via l’apoptose.
Une application d’importance considérable est la prévention de la toxicité ovarienne des médicaments, en particulier de la chimiothérapie puisque de très nombreuses femmes y ont recours, notamment dans le traitement du cancer du sein, dont un très grand nombre guérissent, et conservent la grave séquelle d’une insuffisance ovarienne. Bien sûr la conservation ovocytaire ou même ovarienne, préalable à la chimiothérapie est accessible quasiment à toutes les femmes, mais la reconnaissance des mécanismes impliqués et leur traitement serait un progrès considérable à la fois comme prévention mais aussi dans l’amélioration des connaissances des mécanismes de la ménopause et de la physiologie ovarienne.
Les insuffisances ovariennes ont une forte composante génétique, familiale et le dépistage familial doit s’améliorer.
À ce jour peu de mécanismes génétiques ont été identifiés : bien sûr les anomalies du chromosome X : Syndrome de Turner, X Fragile, syndromes génétiques rares : BPES, galactosémie, mutation du gène NR5A1 (SF1) anomalies des gonadotrophines LH et FSH et de leur récepteur. Plus intéressant est la reconnaissance des gènes de l’ovocyte : BMP15, NOBOX, GDF9. Les gènes de la méiose comme STAG-3, SMC-1ß, REC8, DMC1… sont aussi une priorité de la recherche puisqu’ils constituent une cible remarquable pour la contraception sans hormones, un des objectifs fondamentaux du XXIe siècle.
Prévenir l’insuffisance ovarienne prématurée, améliorer la réponse ovarienne à la stimulation et définir de nouvelles cibles contraceptives sont les priorités de la recherche.
Enfin il apparaît que le traitement hormonal de la ménopause apporte une amélioration considérable de la qualité de vie des femmes de plus de 50 ans. Au-delà des retombées de l’étude WHI de 2002, qui a réduit ou annulé l’option du traitement de la ménopause de 2002 à nos jours, les données récentes utilisant des modalités thérapeutiques modernes avec des hormones physiologiques, sans effets hépatiques, permettent à nouveau de traiter les femmes pendant 5 à 10 ans avec une réduction de la déperdition de la masse osseuse, une amélioration de l’état cognitif, et une prévention des maladies cardiovasculaires. Le risque de cancer du sein chez ces femmes ainsi traitées apparaît faible, mais néanmoins existe. La reconnaissance des femmes à risque est donc une priorité pour les millions de femmes traitées. À ce jour la recherche des gènes de susceptibilité pour le cancer du sein a permis de grandes avancées chez les femmes appartenant à des familles à haut risque. Cette recherche doit s’étendre aux cohortes de femmes traitées par les hormones sexuelles à la ménopause et au-delà. Des cohortes sont disponibles, ces recherches doivent s’étendre rapidement.