Le cœur bat en permanence et le sang circule en continu dans les vaisseaux. Pour suivre ces mouvements, l’imagerie du cœur et des vaisseaux privilégie les systèmes d’enregistrement à cadence rapide Les maladies du cœur et des vaisseaux étant les plus fréquentes de toutes, les techniques d’imagerie les plus simples à mettre en œuvre sont les plus utilisées au quotidien. L’échographie est la méthode d’imagerie qui répond le mieux à ces deux exigences, c’est pourquoi elle est aujourd’hui, et restera dans le futur, la méthode d’imagerie de première intention pour le cœur et les vaisseaux.
L’échocardiographie, basée sur le principe du sonar, permet d’obtenir en routine des images du fœtus, des organes ou du cœur en mouvement, sans injection ou ponction, sans risque ou complication. Les développements physiques et informatiques récents et à venir réservent cependant à cette technique des développements diagnostiques et thérapeutiques très prometteurs au-delà de l’image de l’organe ciblé : 1) La palpation virtuelle des tissus, basée sur la technique d’émission ultrarapide, pourra permettre de détecter les masses tumorales au sein des organes, facilitant le diagnostic des cancers solides ou permettant de mesurer l’élasticité des tissus, et notamment celle du cœur; 2) La possibilité de focaliser les ondes en un point précis de l’image obtenue, utilisée de longue date pour détruire sans chirurgie les calculs rénaux, pourrait permettre d'"assouplir" des zones calcifiées; 3) En facilitant le passage des drogues au travers des parois des vaisseaux, rendues plus perméables grâce à la délivrance ciblée d’ultrasons permettant de les disloquer temporairement, ces techniques permettront d’optimiser la délivrance de certains médicaments dans le tissu cible; 4) Enfin, grâce à la reconnaissance automatique des contours, aux reconstructions en 3 dimensions et aux techniques holographiques, il sera possible au chirurgien de tester virtuellement son geste en préopératoire, ou à l’étudiant de tester ces capacités diagnostiques et chirurgicales, sans la présence du malade.
Toutefois, l’échographie ne voit pas tout ; pour de nombreuses pathologies on doit faire appel à des instruments d’imagerie plus précis, mais moins mobiles et plus coûteux. On voit ainsi se dégager deux tendances principales pour l’imagerie cardio-vasculaire du futur.
La première est l’imagerie à la portée de tous grâce aux nouveaux systèmes d’échographie ultrasonore conçus pour une utilisation grand public. Il est possible aujourd’hui d’acheter pour moins de 2 000 $ un appareil d’échographie personnel miniaturisé qui se branche sur un smartphone. Si, demain, tous les smartphones intègrent un échographe, on verra apparaitre de nouvelles pratiques dans lesquelles le patient deviendra, grâce au télédiagnostic avec l’aide d’un médecin référent, un acteur majeur de sa propre santé.
En prenant en compte les variations intrinsèques (poids, taille, âge, génétique…) ou environnementales (tabac, pollution…), on se dirigera vers la médecine "personnalisée", évoquée plus haut à propos des médicaments, adaptée à la physiologie cardiaque et au risque cardio-vasculaire de chacun.
La seconde tendance est l’intégration continuelle des résultats issus de la recherche pour une imagerie de plus en plus précise de la physiologie cardiaque et vasculaire. Cette médecine de précision avance simultanément dans plusieurs directions :
- La réduction des doses de rayonnement délivrées par les tomodensitomètres (« scanners ») à rayons X permet d’envisager un dépistage systématique du risque cardio-vasculaire, semblable à celui que l’on réalise aujourd’hui par mammographie pour le cancer du sein. Un tel dépistage permettrait de préconiser à temps des mesures de prévention et, lorsque cela est nécessaire, de démarrer plus tôt les traitements ;
- L’Imagerie cardiaque par Résonance Magnétique (IRM) peut, en un seul examen, visualiser le flux sanguin en quatre dimensions (les 3 dimensions de l’espace et le temps) dans tout l’arbre cardio-vasculaire. Aujourd’hui limitée à quelques équipes de recherche, cette technique particulièrement performante pour les pathologies du cœur et des gros vaisseaux entrera demain dans les hôpitaux ;
- Une autre technique d’imagerie lourde, l’émission de positons ou PET-scan, pourrait devenir la méthode de référence pour explorer les aspects métaboliques du fonctionnement du cœur et des vaisseaux ;
- Apparue récemment, l’imagerie hybride consiste à combiner deux systèmes d’imagerie différents dans un seul appareil : PET-scan plus IRM, PET-scan plus échographie, etc. Ces nouveaux instruments mixtes permettent d’observer les pathologies cardiovasculaires dans toute leur complexité, et par exemple de mieux caractériser les plaques d’athérome sur les artères et de mieux définir leur degré de dangerosité ;
- Enfin, actuellement au stade expérimental, l’intelligence artificielle sera intégrée systématiquement à l’imagerie cardio-vasculaire. Le nombre d’images qu’un radiologue examine au cours de son apprentissage est très élevé, mais bien plus faible que le nombre d’images que tous les radiologues du monde entier ont vues au cours de leur carrière. En fournissant à une machine toutes ces images et en y ajoutant des logiciels d’analyse automatique d’images capables d’extraire des informations invisibles pour l’œil humain, on peut lui « apprendre » à reconnaitre les signes caractéristiques d’une pathologie et ainsi créer un logiciel d’aide au diagnostic. L’imagerie cardio-vasculaire a toujours été une discipline dépendante de la technologie, il faut s’attendre à ce que le transfert des résultats de la recherche vers la pratique soit de plus en plus rapide. Peut-être que la plus grande inconnue réside dans la réponse à ces questions : que feront les radiologues de demain et qui seront-ils ? Une chose est certaine, la recherche fera nécessairement partie de leur formation.