01 janvier 2020
Addictions : des dégâts (pré)visibles de l’alcoolisme sur le cerveau des adolescents
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En résumé
Projet mené par Jean-Luc Martinot
Cette découverte a été réalisée par Jean-Luc Martinot dans l'Unité Inserm « Imagerie et psychiatrie » à DIGITEO Labs, Université Paris-Saclay, à Gif-sur-Yvette.
Financement accordé à Jean-Luc Martinot en 2014 et qui a contribué à l'obtention de ce résultat.
La dépendance à l’alcool est une addiction très sévère dont les moyens de prise en charge sont limités.
Des chercheurs ont étudié, chez les adolescents, l’effet sur le cerveau de fortes consommations d’alcool.
Ils ont mis en évidence des anomalies dans les régions cérébrales spécifiques qui peuvent favoriser la dépendance.
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Le projet en détails
Le fléau de la dépendance à l'alcool
L’alcoolodépendance est un fléau : l’Inserm estime que l’abus d’alcool de manière chronique est impliqué dans près de 200 maladies. Selon l’observatoire français des drogues et toxicomanies, la consommation excessive d’alcool entraine plus de 40 000 décès par an en France. De plus, certains experts s’accordent à dire que l’alcool est la drogue qui génère le plus de dépendance, et donc celle dont le sevrage est le plus difficile. C’est pourquoi les chercheurs souhaitent explorer les mécanismes impliqués dans l’apparition et le maintien d’une dépendance à l’alcool afin de la prévenir au plus tôt et mettre au point de nouveaux moyens pour les prendre en charge.
Une implication du circuit de la récompense
Les phénomènes physiologiques à la base de l’addiction sont complexes et mettent en jeu de nombreuses régions cérébrales. Dans des conditions normales, une action positive ou plaisante pour l’organisme stimule dans le cerveau le « circuit de la récompense », ce qui se traduit par une sensation de plaisir. Ce mécanisme est très utile, par exemple, pour les phases d’apprentissage et l’assouvissement de nos besoins vitaux (manger, boire). La consommation de certaines substances ou certains comportements activent ce circuit, ce qui engendre à terme la dépendance.
Quel est l'effet dune forte consommation chez l'adolescent ?
Récemment, un groupe de chercheurs a exploré l’effet de l’abus d’alcool sur le cerveau durant l’adolescence. Ils ont mesuré plus précisément les anomalies cérébrales associées à une forte consommation, afin de rechercher des éléments favorisant la dépendance à l’alcool par la suite. Ils ont réalisé des avancées très intéressantes sur le sujet.
Des modifications détectables par imagerie
Les chercheurs ont pratiqué des examens d’imagerie cérébrale chez des adolescents ayant ou non des consommations d’alcool problématiques (évaluées par le biais d’un questionnaire). En comparaison avec des sujets abstinents du même âge, ces jeunes présentent une modification au niveau dune région cérébrale contenant des neurones qui contrôlent le circuit de la récompense. Des tests ont aussi montré qu’ils sont hypersensibles à la récompense : cette hypersensibilité pourrait aussi renforcer l’envie du plaisir procuré par l’alcool et le cercle vicieux de la dépendance alcoolique.
Les chercheurs ont également découvert qu’une légère altération de cette région existait déjà avant l’addiction, suggérant l’existence d’une vulnérabilité à la dépendance.
Ces résultats montrent ainsi chez les adolescents des anomalies cérébrales spécifiques associées à la consommation importante d’alcool qui pourrait influencer par la suite la survenue et le maintien dune dépendance.
Source : Site de l’Inserm, A Galinowski et coll. Heavy drinking in adolescents is associated with change in brainstem microstructure and reward sensitivity. Addiction Biology, juillet 2019. DOI: 10.1111/adb.12781.
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